Martin Taché
thanatologue
L’euthanasie
Un débat incontournable, une question délicate
Depuis quelques décennies, la médecine a fait des progrès remarquables. Les nouvelles découvertes font en sorte que la durée de vie des personnes âgées ou malades est allongée de façon considérable. La mission du corps médical ne saurait être critiquée : guérir, soulager, améliorer la qualité de vie, voilà qui est merveilleux. Nous, habitants des pays occidentaux, jouissons d’une chance inouïe.
Mais le fait que les malades soient maintenant pris en charge par les institutions médicales changent beaucoup de choses dans la façon qu’a notre société de voir la mort. Cette mort deviendrait-elle un échec de la médecine ? Le malade a-t-il le droit de choisir sa mort ? La mort, vécue de façon médicalisée, entraîne des problèmes éthiques délicats et un débat houleux face, entre autres, à la question de l’euthanasie.
Les positions face à l’euthanasie
L’euthanasie est l’acte d’un tiers qui met délibérément fin à la vie d’une personne qui en fait la demande, et ce dans le but de la libérer d’une situation insupportable. Deux positions s’opposent dans le débat autour de l’euthanasie :
D’abord, il y a ceux qui croient au respect de toute existence humaine et affirment que la vie ne peut être laissée à la libre disposition de l’homme. Un de leurs arguments étant que la légalisation de l’euthanasie entraînerait une brèche morale dans notre société. À l’opposé, certains autres croient que mourir dans la dignité, en refusant la déchéance physique ou intellectuelle, est un droit qui doit être reconnu à qui le demande.
Les deux positions portent des valeurs qui méritent le respect et l’attention ; mais elles sont inconciliables. L’euthanasie ne pourra sans doute jamais devenir une pratique comme une autre, chaque vie et chaque mort étant uniques.
L’acharnement thérapeutique
Certains gestes et attitudes font aujourd’hui l’objet d’un très large consensus et méritent d’être encouragés. Les parties s’entendent sur le fait que, dans sa fragilité et sa vulnérabilité, la personne mourante doit être respectée dans son autonomie ainsi que dans sa dignité.
En ce sens, les comités d’éthique qui ont eu à réfléchir ces dernières années sur l’euthanasie dénoncent l’acharnement thérapeutique déraisonnable, qui serait poursuivi au-delà de tout espoir de guérison. Le médecin a le devoir de soulager les souffrances du malade, de l’assister moralement, tout en évitant de s’obstiner à le guérir.
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L’euthanasie pose des questions délicates et génère moult réflexions. La société est maintenant confrontée à de nouveaux problèmes, rançon des progrès de la science et de la technologie.