Les rites funéraires L’importante mise en scène des adieux

Raymond Casgrain
Directeur de funérailles

Les rites funéraires
L’importante mise en scène des adieux

Depuis toujours, l’humain est confronté à la mort, à cet événement qui fascine et effraie, à cette étape à laquelle il ne peut échapper. De tout temps, les hommes se sont rassemblés devant l’inéluctable mort des leurs et se sont dotés de rituels pour marquer leur appartenance à la communauté, pour braver ensemble l’inexplicable.

Devant cette multitude de questions toujours engendrées par la mort, il est probable, et souhaitable, que les humains continueront de se regrouper et de respecter certains gestes, certains codes pour regarder la mort en face, se soutenir et ainsi entrer dans leur deuil.

Avant l’urbanisation

Au Québec, à l’époque où les villes ne résonnaient pas encore sous le bruit des moteurs, des marteaux-piqueurs et des sirènes, le deuil était davantage entendu par la communauté. Les cloches du tocsin emplissaient l’air ; les chevaux faisaient résonner leurs sabots sur la route menant au cimetière. Les manifestations de la mort et du deuil étaient audibles de tous.

Les endeuillés arboraient le noir et les veuves portaient le deuil. Sur les portes des maisons où la mort avait frappé, chacun pouvait voir un morceau d’étoffe noir, tendu. La mort était partagée avec la communauté, on la voyait, on l’entendait, on était conscient de sa présence parmi les siens.

À l’intérieur des maisons, de façon plus intime, d’autres rituels entourant la mort étaient effectués. Ainsi, lorsqu’un malade sentait sa fin approcher, on appelait le prêtre qui venait lui offrir l’extrême-onction ainsi que le viatique, cette dernière communion du mourant avec le corps du Christ.

Après le décès, avant la mise en terre, le rituel voulait que la famille respecte trois jours de veille à la maison. Les adultes comme les enfants avaient alors la possibilité de voir, de toucher, de se recueillir près du corps du défunt. La mort, faisant partie de la vie, n’était pas tabou mais partagée.

À l’ère de la mondialisation

Depuis les années 1960, la religion est vécue davantage individuellement que collectivement. On a conservé certains rites, mais nous nous y attardons peu. La mort est toujours mystérieuse, importante, mais elle est devenue une étape que l’on vit dans l’intimité, de façon personnelle.

Le choix de la crémation comme option de fin de vie contribue à une diminution des rituels entourant la mort. Le corps est peu ou pas du tout exposé, la cérémonie religieuse est brève et les endeuillés doivent bien vite retourner à la réalité de leur vie, souvent sans avoir eu le temps de réellement plonger dans leur deuil.

Aujourd’hui, la science et la médecine sont avancées au point de guérir des maladies, mortelles il y a quelques années, et même de cloner des êtres humains. La mort est souvent perçue comme un échec plutôt que comme la fin naturelle de tout être humain. Mais qu’on la ritualise ou pas, la mort est toujours dans nos vies et restera le plus grand des mystères de l’existence.

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