Les coopératives funéraires - Gardiennes des prix et des monopoles

«Dans le temps, chaque village avait son croque-mort qui avait son monopole», raconte Garry Lavoie, directeur de la Coopérative funéraire des Deux Rives. Dans les centres urbains, il y avait aussi beaucoup de monopoles, ce qui laissait la porte ouverte à la dérive des prix. «Dans les années 70, une étude faite par le gouvernement du Québec révélait qu'on payait en moyenne 25 % plus cher que dans le reste du Canada pour des funérailles», mentionne-t-il. Une première cohorte de coopératives funéraires a donc vu le jour pour agir en tant que régulateur du marché, un rôle essentiel pour ces organismes à but non lucratif, mais un rôle aussi reconnu par la Corporation des thanatologues du Québec (CTQ). «Les coopératives ont équilibré le marché», dit Valérie Garneau, présidente de la CTQ.

Dans les années 90, des multinationales américaines cotées en Bourse ont déferlé sur l'industrie funéraire québécoise, achetant les indépendants.

«En cinq ans, ils ont été chercher 25 % du marché», note Garry Lavoie. Un monopole se recréait tranquillement, les Américains offrant des sommes alléchantes pour le moindre salon qui avait le potentiel de devenir de la concurrence.

Concurrence oblige

Entre 1992 et 2000, un fonds québécois a été mis en place pour permettre de contrer les Américains en achetant les salons funéraires, puis en les transformant en coopératives, pour éviter l'augmentation des prix et un monopole québécois. Les coops étant des structures inaliénables, les Américains ne pouvaient les acheter et ont été contraints de baisser leurs prix, jeu de la concurrence oblige. «Au Québec, on est une des seules provinces où le monopole est impossible parce qu'il y a des coops dans presque toutes les régions», dit fièrement Garry Lavoie.

Il semble que l'opération ait fonctionné puisque selon Alain Leclerc, directeur général de la Fédération des coopératives funéraires du Québec, «c'est 40 % moins cher dans les coops qu'ailleurs. Le prix moyen de funérailles au Québec est de 6000 $, dans une coop, on atteint 4000 $», précise-t-il. Selon Valérie Garneau, «les coûts se ressemblent d'une maison à une autre», prenant la peine d'insister que dans un tel exercice, «il faut comparer des pommes avec des pommes». Toujours selon elle, le prix moyen de funérailles au Canada, en 2011, était de 8200 $ et ce prix augmente proportionnellement au coût de la vie. «Après une maison et une voiture, c'est le troisième achat dans une vie... et généralement cet achat se fait au pire moment de la vie», signale M. Lavoie. Tout ça pour dire que des funérailles, ça se magasine.

Texte : Sophie Gall
Photo : Yvan Doublet
Publié dans Le Soleil

Lire le dossier sur les arrangements funéraires publié par Le Soleil.

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