Selon Garry Lavoie, directeur de la Coopérative funéraire des Deux Rives, il y a deux raisons majeures qui incitent les gens à prévoir leurs funérailles. «C'est moi qui choisis ce que je veux et ainsi j'évite à mes proches d'avoir des décisions difficiles à prendre à un moment accablant, et c'est moi qui paye mes affaires», énumère-t-il. La démarche pour des arrangements funéraires préalables est faite en moyenne à 71 ans. «Pourtant, plus on le fait jeune, moins c'est cher», mentionne Valérie Garneau, présidente de la Corporation des thanatologues du Québec (CTQ). «Un client avait fait ses préarrangements en1967, pour 1000$. Au moment de sa mort, avec l'augmentation du coût de la vie, les funérailles demandées avaient en fait une valeur de 5000 à 6000$», se souvient-elle. Impossible pour la maison de demander la différence à la famille, la loi l'interdit. Le défunt aura les funérailles commandées pour le prix qu'il a payé, inflation ou non. L'argent est déposé en fidéicommis, les indexations selon le coût de la vie ou les intérêts générés sont prévus pour couvrir toute augmentation de prix, mais il arrive que les maisons funéraires fassent des funérailles à perte.
«Le gros avantage des préarrangements, selon Alain Leclerc, directeur général de la Fédération des coopératives funéraires, c'est qu'on se libère l'esprit.» Mais se libérer l'esprit ne veut pas dire ne pas tenir compte de l'esprit des autres qui, eux, auront à vivre le deuil. «Il faut en parler avec ses proches, il faut que l'entourage qui va vivre le deuil soit d'accord avec nos choix», dit M. Leclerc. Il insiste même pour dire que l'idéal est de magasiner ses arrangements préalables avec quelqu'un, afin d'expliquer ce que l'on désire et pourquoi on le désire. Ainsi, personne ne tombe des nues le moment venu.
Les arrangements funéraires préalables sont un gros enjeu pour les maisons funéraires, selon Garry Lavoie. «Quand on pense que dans les prochaines 40 années, on passera de 60 000 décès par an à 100 000 par an, il y a un gros marché. Qui va s'en accaparer?» se demande-t-il. Les arrangements préalables sont un des deux marchés des maisons funéraires, avec les décès. Pour les préarrangements, les maisons funéraires peuvent compter sur leurs publicités, leur réputation, leur notoriété, en s'adressant à un consommateur non émotif, alors que dans le cas d'un décès,l'émotivité l'emporte souvent et les impacts publicitaires ou économiques ne sont que peu pris en compte par les clients endeuillés.
En moyenne, il s'écoule 10 ans entre le moment où une personne achète ses arrangements préalables et son décès. Les maisons funéraires ont la possibilité de monter leur base de clientèle 10 ans à l'avance, ce qui, côté business, est très bon.
Par Sophie Gall
Publié dans Le Soleil
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