Mélissa Vallières
Thanatoloque
Accompagner un mourant
Le respect de la vie jusqu’au dernier souffle
Parfois attendu, souvent redouté, le passage de vie à trépas est sans doute le plus tumultueux voyage de l’existence de tout être humain. Lors de cet embarquement pour l’au-delà, la destination est inconnue et les adieux vraiment définitifs.
Lorsque la mort est annoncée, il est possible que le voyageur en partance ressente le besoin d’avoir près de lui une ou des personnes qui sont pour lui significatives. Accepter d’accompagner un mourant sur ce quai de départ vers la mort est un geste généreux et courageux ; une magnifique preuve d’amour.
Un accompagnement vers la mort est un ultime cadeau à offrir à un être cher. C’est aussi, pour soi, une porte ouverte à une expérience intense, d’une richesse unique, de laquelle on peut ressortir avec la certitude d’être allé au bout de son amour.
Apaiser le corps et l’esprit
Les soins palliatifs sont ceux que l’on prodigue à une personne en phase terminale ou évoluée d’une maladie mortelle. Ces interventions visent à soulager la douleur physique, mais aussi à combler les besoins psychologiques et spirituels d’une personne qui se meure.
Il est possible que les besoins d’un mourant s’expriment en mots, mais aussi par des attitudes, des pleurs, des tremblements… Le non-verbal d’un mourant apprendra sans doute beaucoup de choses à celui qui sera en mesure de le décoder. Une grande écoute permet de découvrir que le silence entourant une personne mourante est en fait rempli de vérité.
Bien accompagner un mourant signifie être à l’écoute de ses besoins. C’est aussi lui permettre, dans la mesure du possible, de réaliser ses vœux ultimes. C’est l’aider, s’il en manifeste le désir, à renouer avec certaines personnes ou encore à renforcer des liens affectifs. Bref, c’est contribuer, autant que faire se peut, à ce que son départ soit paisible.
Rester à l’écoute de ses propres limites
Demeurer près d’une personne mourante demande une grande implication. Pour l’accompagnant, ces moments sont d’une rare intensité et exigent beaucoup, tant physiquement que psychologiquement.
Cet univers qui entoure la mort en est un troublant. Il confronte au chagrin de son deuil à venir, mais aussi au caractère précaire de toute vie humaine. Assister un proche dans son passage vers la mort est difficile, voire bouleversant.
Alors que cette personne aimée est tellement vulnérable, l’accompagnant pourrait avoir tendance à oublier sa propre fragilité, à remettre à plus tard le moment où il permettra à la douleur de faire son chemin en lui. Mais il est souhaitable, tout au long de cette démarche, de respecter ses limites, de ne pas nier ses faiblesses, son épuisement. Demander de l’aide, quand le besoin s’en fait sentir, ne devrait pas être perçu comme un échec mais comme un service essentiel à se rendre.
Assister à la mort d’un être cher, c’est lui donner chaleureusement la main, jusqu’au dernier moment ; c’est lui offrir une présence à la fois délicate et profonde.