Voici une lettre que j'ai écrite lors du décès de ma mère, le 26 juin 2006. J'ai écrit cette lettre en revenant de l'hôpital, cela faisait à peine deux heures que je savais, j'avais pleuré sur elle, déjà décédée... je décidai de lui écrire... cette lettre a été lue à l'église.
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À vous tous,
Je vous écris à tous, car je ne peux pas dormir et je dois écrire... Ça doit sortir... Alors je me confie en groupe.
Me voilà seule. Me voilà seule et démunie. Cœur gros, je pleure sans arrêt, tellement je suis sèche de réconfort. Je ne sais pas quoi dire, quoi penser, comment le dire, l'écrire, ou même le crier, y'a une boule, une de ces boules pognée là, dans la gorge...J e ne suis pas capable de dormir, les yeux bouffis, rouges, ils ferment, mais ne je ne suis pas capable... Seigneur, pourquoi ?
Me voilà seule, démunie, sans armes, je viens de perdre un gros morceau dans ma vie, ma MÈRE. Eh oui, la mort est là et vous guette, ne vous le dit pas et elle vient chercher des gens sans avertir. Je n'étais pas prête à vivre ce deuil. J'avais tellement de choses à dire à ma mère, elle qui était ma confidente, mon amie, la grand-mère de ma fille, le réconfort lorsque j'étais malade, lorsque j'avais besoin de conseils... Qui maintenant je vais pouvoir appeler ?
Me voilà seule désormais... je ne réalise pas qu'elle nous a quittés... je ne VEUX pas... j'ai tellement mal en dedans... un deuil, un deuil difficile à vivre... je demande à tout l'univers de réunir l'énergie pour nous accompagner ma famille et moi dans cette épreuve, car ma mère était le noyau de ma famille. Alors nous avons perdu brutalement une perle rare... ma perle, ma mère.
Maman, je t'aime, aide-moi à passer au travers... j'ai mal, je ne sais plus quoi faire, je pleure. J'étais là, dans cette chambre, où ils l'avaient ramenée pour un dernier salut, j'étais là, à la serrer fort dans mes bras et me reprocher de ne pas lui avoir jasé aujourd'hui par manque de temps. Je l'appellerai demain, me disais-je. Maman pardonne-moi de toujours remettre à demain. Je la serrais fort contre moi car je savais que le moment prochain de la revoir était dans cette boîte de bois... je la serrais fort fort fort, lui disant que je l'aime et que je l'aimerai toujours, lui suppliant de l'aide et qu'elle veille sur nous comme elle l'avait si bien fait depuis notre naissance... je la serrais fort fort fort... autant que je l'aime et qu'elle me manquera. Mon père démuni, ne sachant pas quoi me dire, lui aussi tout aussi surpris par cette mort brutale. Nous étions là, le reste du noyau, les yeux rouges, silence froid, car elle, elle est partie désormais. C'est cela, ce silence dans la chambre, la réalité nous a rejoint, on venait de comprendre qu'elle était partie non pas pour la nuit, mais pour la vie.
Voilà, me voilà seule maintenant, plus de mère, démunie, ne sachant plus quoi dire, penser, je ne fais que pleurer car cette nuit-là, je voudrais l'avoir rêvée... me réveiller demain et appeler maman, lui dire, en tout cas, c'était tout un cauchemar... Mais non, je suis seule et je dois réaliser que je ne peux plus l'appeler, je n'ai plus de mère. Une mère, cette personne qui nous met au monde et que parfois lorsqu'elle prend trop bien soin de nous, on lui reproche de nous étouffer, lorsqu'elle nous ignore, elle nous manque... lorsqu'elle nous quitte, nous ne savons plus quoi faire, quoi dire. Puisse me réveiller et me dire que j'aurai rêvé... Ah le destin disent-ils... à quoi bon ce destin s'il vient nous chercher les meilleurs en premier ?
Ah oui, vous allez me dire, c'est parce que tu es assez forte pour le vivre ce deuil. Pas sûre, mais je sais que physiquement elle n'y est plus mais que dans mon cœur et dans mon âme, elle m'a laissé les plus belles valeurs et surtout, tout son amour. C'est avec cet amour que je te demande maman, de veiller sur papa, lui qui t'adorait et te chérira encore. Veille aussi sur Mélany, ta fille qui était ton ombre. J'aimerais évidemment que tu veilles sur ton p'tit dernier: Philippe, ton mari en junior ! Bien sûr tu n'oublies pas tes trois petits enfants, Maxime, Audréanne et Daphnée. Prends soin aussi de notre entourage, notre soutien qui nous aide à travers cette épreuve, parents et amis proches car sans eux, ta perte serait encore plus un vide et pénible. Je sais maman que tu n'es pas loin et que tu nous as aimés et chéris tout le long de ta vie, mais je tiens à ce que tu saches que c'est réciproque. Toi maman qui avait peur de ne pas plaire à des gens, vois-tu maintenant comment tu étais non seulement appréciée, mais adorée. Je pourrais t'écrire une lettre de cinquante pages pour te dire un dernier salut, mais il me manque des mots dans cette terrible douleur, alors je te sens près de moi, je te parle et maintenant, je te laisse partir, dors en paix maman, tu as parfaitement réussi ta vie... En tout cas, ceux qui me disent que je te ressemble, cela apaise ma douleur et me réconforte, mais surtout, j'en suis fière ! Nous sommes fiers d'avoir été mis à travers ton chemin, et que tu nous aies autant bien aimés. Merci.
Adieu maman, je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai...
Marijo, ta fille xxxx
Saint-Luc (Québec)
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Le signet, écris par moi aussi, ce même soir, c'est lui qui a été donné :
Sois certaine maman que tu resteras gravée dans nos cœurs. Ta grandeur, ta bonté et ta générosité sont désormais pour nous une façon de vivre. Tes valeurs et ton odeur nous sont laissés en souvenir. Veille sur nous, comme tu l'as toujours si bien fait. Que toute l'énergie de l'univers soit réunie pour nous aider à passer au travers...
Chérie, je t'adore.
Maman, tu nous manques, on t'aime.
Mémé, on t'embrasse.