« Où est mon bermuda ? »… Dès que le printemps arrivait...

« Où est mon bermuda ? »... Dès que le printemps arrivait, même parfois encore trop précoce pour la chaleur, tu me le demandais... Tu ressortais tes longues jambes maigres et nichais tes pieds dans ces grandes sandalettes... que je ne parviens pas à donner... elles sont cachées comme toi... la différence étant que je peux les voir... Ton bermuda signifiait « les vacances » que tu demandais tant, les fenêtres ouvertes et puis tes interminables apéritifs pris sur la terrasse autour de la table bistro « bleue » elle aussi...

Dernière fête il y a un an... J'entends encore les cris et rires de nos petits, nos grands, et nos amis... Tu avais voulu cette journée de campagne et lancé des invitations... égoïstement je n'avais pensé qu'au travail que cela représenterait... Bénis par le soleil, nous avions ri et joué comme des enfants, repus de bon vin et de bonne chère tard dans la nuit... Ce premier mai avait été prometteur pour nous deux... si prometteur... tu ne montrais encore aucun signe précis de cette fin de vie qui fut si brutale...

Je suis seule sur cette terrasse ce matin, pas un bruit pas une âme qui vaille, je me rétablis doucement de mon opération... je te vois, je te sais pas loin, j'entends le bruit de tes pas... mon cœur cogne encore après presque un an... les larmes montent...

J'ai encore si mal, je n'ai pas retrouvé ton bermuda... Dis-moi, l'as-tu emmené pour les printemps à venir ?

Marie
Quévreville-la-Poterie (France)

À toi Diégo, petit être qui m'a été très cher, et qui nous a quittés si brutalement...