Mots de soutien d'une endeuillée à une autre pour la perte de leurs conjoints

Bonjour Lise,

Je me reconnais dans votre histoire. Je voudrais vous dire ce que j'aurais aimé qu'on me dise.

L'urne est tellement importante pour certains (vous et moi). Il a sa place parmi nous, là où il a vécu, mais bientôt dans votre prochaine demeure. Il vous a donné tout son amour et il avait confiance en vous. C'est vous qu'il voulait comme liquidatrice, car il savait pouvoir compter sur vous.

Vous avez tout fait comme il le voulait. Il ne voulait pas partir à l'hôpital où il aurait peut-être été seul dans son dernier moment. Il voulait être avec sa bien-aimée, vous. Savoir qu'il pouvait compter sur vous était un soulagement pour lui. Il aura pu vous savoir présente jusqu'au dernier moment, avec lui.

Vous vous devez d'être fière. Vous avez fait ce qu'il voulait et ce que vous sentiez qu'il fallait faire. Rien n'aurait pu être mieux que votre décision et vos actions. J'aimerais tellement vous enlever votre sentiment de culpabilité, car vous devez continuer à vivre.

Vous êtes toujours là, même si on s'oublie dans ces moments-là, ces semaines qui suivent son départ.

Maintenant, il repose en paix, mais il reste présent en vous. S'il le peut, il vous guidera de son mieux.

Je vous dirais que le pire est passé : c'était les 2 premières semaines après son décès. Les arrangements funéraires sont faits (première semaine). Peut-être avez-vous commencé la recherche testamentaire par un notaire... (moi, ce fut à la troisième semaine après le décès).

Là, ce sera l'attente qui commencera, mais il y a tout de même des appels qui peuvent être faits pendant ce temps (vérifier tout ce qui se trouve dans son portefeuille, cela aidera. Annuler sa carte CAA, aviser son fournisseur pour sa carte de crédit, communiquer avec l'assurance-vie et j'en oublie...).

Cela dépendra des jours. Il y en aura des plus productifs et d'autres où l'on ne voudra rien faire. Ces jours-là, donnez-vous un objectif. N'allez pas plus vite que vous ne le pouvez, mais on s'aperçoit qu'avec l'aide de notre entourage, nous sommes plus forts.

Ma sœur fut énormément présente par ses conseils, son écoute et de petits appels qu'elle a pu faire pour moi (s'informer auprès de la SAAQ des documents à se prévaloir dans votre situation, appeler Vidéotron pour savoir s'ils peuvent revoir notre facture, car on se retrouve veuve, etc.). Ce qui me paraissait énorme, pour vos proches peut n'être qu'un petit geste de rien du tout.

Reposez-vous un peu sur eux, si vous le pouvez, apprenez à vous abandonner auprès de ceux qui veulent votre bien. Regardez-vous dans le miroir. Vous êtes toujours là. Vous êtes sûrement un peu moins abattue que les premiers jours où vous marchiez peut-être un peu courbée vers l'avant sans rien pouvoir y changer. Vous respirez. Vous pleurez, vous parlez, vous recommencerez à manger mieux bientôt, vous êtes ici.

Dans mon cas, cela fait 6 mois et quelques jours... J'ai encore des hauts et des bas et c'est normal. Ils sont atténués, mais ils sont toujours là. On ne veut pas l'oublier, on veut le chérir. Ce n'est que trois mois plus tard que je me suis mise à marcher, ce que je n'avais jamais fait avant. C'est tellement libératoire. Je ne m'en rendais pas compte tout de suite. Je regardais les fenêtres des gens avec leur « Ça va bien aller » accompagné d'un arc-en-ciel et je regardais leur intérieur sans m'y attarder.

Puis, je me suis mise à parler à mon conjoint.

On m'a suggéré de lui écrire une lettre qui sera à brûler plus tard, lorsqu'on se sentira prête de le faire. À la place, je me suis adressée à lui lors de mes marches. Cela m'a fait du bien. La tension intérieure descend.

Une fois, j'ai même fait l'inverse. Je me suis mise dans sa peau et j'ai parlé de moi, du comment il me voyait tellement présente à ses côtés, de tout l'amour que je lui donnais par mes gestes et mes paroles, de notre vécu durant toutes ces années ensemble. Ce fut plus que libératoire. Ce fut apaisant au plus haut point. Je vous le suggère, mais c'est vrai que moi, cela faisait un bon 3 mois et demi qu'il n'était plus là. Le temps y est peut-être pour quelque chose, à ce sentiment de paix!

Je suis tellement de tout cœur avec vous. Et ce ne sont pas des mots en l'air. Je voudrais que vous puissiez mettre votre tête sur mon épaule et vous dire de vous laisser aller. Laissez aller vos pleurs, mais encore plus la parole. Elle vous sauvera. Parlez de lui, vous en avez besoin, mais vos proches auront peut-être une réticence à vous parler de lui d'eux-mêmes. Commencez et ils vous écouteront et vous en parleront aussi... Je pouvais parler une heure et demie à des inconnus au téléphone et un bon 3 heures facile à mes proches. C'était essentiel, vital dans ma situation.

Vous n'êtes pas seule dans votre situation. Nous sommes plusieurs à être devenues veuves et à être démunies de toutes les manières possibles. Nos rêves, nos espoirs, nos projets... tout disparaît. Il faudra s'en refaire, mais il est tôt.

J'espère vous avoir apporté un peu de réconfort. C'est ce que j'aurais aimé qu'on me dise.

Caroline
(Québec)

Récit du décès de ma mère