Mon père s'est suicidé le 14 décembre de l'an 2000. Il n'avait même pas 50 ans, et moi, je n'ai même pas 18 ans. Plus le temps passe, plus je m'aperçois que nous étions similaires, que j'étais sa réplique féminine mais aussi que je ne le connaissais pas tant que ça. Cela peut sembler absurde, mais c'est ce qui constitue la pure réalité. C'est pour cela que je souhaitais rappeler aux personnes qui aiment leurs familles d'en profiter un maximum, tant qu'ils sont là. On ne sait jamais ce qui peut arriver.
Voici maintenant le discours qu'a déclamé ma sœur à son enterrement :
« Papa, c'est en ton honneur et en ton souvenir que je parlerai aujourd'hui, puisque ce n'est plus que dans le souvenir que tu seras parmi nous vivant ! Et je suis comme Baudelaire qui dans 'Spleen' s'écrie : " J'ai plus de souvenirs que si j'avais 1000 ans ".
« Papa, ce nom résonne comme une étoile éphémère. Jamais plus tu ne te retourneras quand je le prononcerai, mais toujours il me pressera tendrement le cœur. Et sans doute revivrai-je alors nos jours heureux.
« Papa, je vivais tellement pour toi, et depuis que tu nous a quittées, ma vie n'a plus beaucoup de sens, tout s'est écroulé, et tout me semble fade. J'aurais voulu tout partager avec toi, mais je sais que tu veux que je me batte, et même si tu me manques, je me battrai, je te le promets.
« Papa, tu as été le père le plus formidable du monde. Ce que je suis aujourd'hui l'est tellement grâce à toi. Tu m'as appris à vivre, et à aimer la vie, je continuerai. Et toujours je t'aimerai. Tu as été comme un prélude de Chopin, splendide, merveilleux, sans doute trop bref, mais du moins destiné à demeurer dans nos cœurs. »
Esther
Paris (France)