Mon nom est Sonia, 33 ans, et j'ai perdu mon père... et ma mère son mari...

Mon nom est Sonia, 33 ans, et j'ai perdu mon père... et ma mère son mari !

Déjà un an et c'est comme si c'était hier encore ! Depuis le décès de mon père, je suis venue vivre avec ma mère. Disons qu'elle avait de la difficulté à vivre seule ! Mon père est décédé le 30 août 2006, un mois après avoir déménagé et prendre sa vraie retraire. Il avait 61 ans lors de son décès. J'ai encore du mal à vivre et reprendre ma vie ! Encore plus, car ma mère a beaucoup de difficulté à vivre son deuil et elle a un problème d'alcool.

Mon père est décédé d'un crise du cœur. Il n'était pas cardiaque, mais l'enveloppe du cœur a brisé, alors il n'a pas eu de chance de survie ! Cela s'est passé à la maison et c'est ma mère qui l'a trouvé !

La journée de son décès, je pensais mourir et je le voulais aussi ! Mon père était mon meilleur ami et mon mentor... il était ma barre d'énergie dans mes moments les plus durs, et Dieu sait que j'en ai surmonté ! Il me brassait, pour me faire réagir ! Je lui dois tout ! Je ne me suis pas toujours entendue avec mon père, mais ça faisait environ 10 ans que les liens s'étaient renoués.

Je n'ai pas eu la chance de le voir à son décès. J'étais arrivée trop tard ce soir-là, le travail et le voyagement de Montréal à Rawdon... Je vivais à Montréal et, sans voiture, pas toujours facile, les bus.

J'avais dit à mon père que si un jour il partait, je le suivrais. Et Dieu sais que je l'aurais fait, j'aurais trouvé son deuil trop dur à supporter ! J'ai déjà trois dépressions à mon actif et trois tentatives de suicide ! Et la dernière, c'est mon père qui m'a remise sur le droit chemin ! Il m'a fait voir la vie d'une autre perspective ! Et maintenant, je tiens à la vie plus que tout, car je me bats tous les jours de ma vie avec mes démons intérieurs.

Lors de son décès, j'ai compris les paroles qu'il m'avait dites plus tôt : que je me devais de veiller sur ma mère ! Et je suis tellement fière de dire qu'au moins toutes les fois que je parlais avec mon père, je finissais la phrase en disant: « Daddy, tu sais quoi ? » Il me répondait : « Non, quoi ? » « Je t'aime daddy ! » Il partait à rire et disait : « J't'aime aussi ma fille ! »

Il avait une joie de vivre intense ! Il était toujours de bon conseil, il nous écoutait, il nous apprenait toujours les choses de la vie et les valeurs. Personne ne pouvait ne pas l'aimer. Sociable comme tout, il rendait service aux autres. L'humanité qu'il avait... nous avons perdu un gros morceau de notre vie ! Il m'a donné sa force intérieure et sa passion. Mon père m'a transmis ses propres valeurs et sa joie de vivre !

Aujourd'hui je trouve ça dur, car je vis mon deuil à moi, je vis le deuil de ma mère, ainsi que sa peine d'amour à elle... et je vis son alcoolisme ! Mais la force qu'il m'a donnée m'aide à ne pas sombrer encore une fois ! Chacun vit son deuil à sa manière et de différentes façons, mais il ne faut pas sombrer car l'être que nous perdons ne l'aurait jamais accepté. Alors il faut la surmonter et survivre à ce drame ! Aucune parole ne peut nous réconforter lors d'un décès. La seul chose que je peux témoigner, c'est : puisez votre force intérieure et vivez le temps qu'il vous reste comme vous auriez voulu le faire ! Ouvrez-vous à la vie ! Et dite-vous : si ça avait été moi, aurais-je aimé le voir sombrer ? Ce que je dis, ce n'est pas de l'oublier, mais de continuer à vivre notre vie !

Merci d'être là pour nous permettre de surmonter et vivre notre deuil parmi les témoignages.

Daddy, je sais que tu me regardes de là-haut, que maintenant tu es libre et que tu as retrouvé les êtres chers que tu as perdus. Ne t'en fais pas, je ne sombrerai pas et je veille sur maman ! Tu sais quoi, daddy... J'taime autant, même si tu es parti ! xxx

Sonia
Rawdon (Québec)

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