Mon mari s'est suicidé...

Le 21 mai 1999, mon mari s'est suicidé. Nous formions un couple brillant, aimant, nous avons deux enfants de 6 et 4 ans, un projet de troisième et je n'ai rien vu venir...     Après le drame, je me suis découvert une énergie méconnue ; il fallait faire face pour les enfants, pour soi-même, il y avait l'entreprise qu'il y avait à faire tourner. Les enfants sont extraordinaires, notre communication est saine, faite d'amour et de complicité.

Il y a quelques temps, j'ai crû être en mesure d'ouvrir mon cœur à quelqu'un : il n'en est rien ; j'ai mal, trop mal. Je cherche en l'Autre celui que j'ai perdu, celui que j'aimais et cela ne supporte pas la comparaison. Mes amis sont exceptionnels, discrètement présents et pourtant je ne supporte plus cette solitude, ces soirées qui nous étaient si chères pour tout partager. Mon corps le réclame, j'aimerais faire marche arrière. Je n'ai pu le voir mort et quelque part, c'est comme si c'était un vilain cauchemar, je n'y crois pas.

Cette épreuve a sensiblement modifié mon comportement, a permis de relativiser les p'tits bobos du quotidiens. D'un côté je me suis humanisée et d'un autre j'ai envie de m'enfermer dans un noyau-cocon.

Beaucoup de difficultés à aller vers les autres... à m'ouvrir aux autres. Niveau d'exigences soutenus dans mes relations amicales ; je ne laisse rien passer, me fais des films peut-être ! Envie de tout lâcher... Et toujours cette incompréhension sur le pourquoi du geste, même si je l'ai toujours respecté. Découragement, plus envie de se battre mais envie de vivre, pour moi, pour mes petits chéris que j'aime et qui me le rendent si bien ! Perte de points de repères, déstabilisation totale, la vie est amour et je ne crois plus guère en l'amour... Blessure ouverte, écorchée vive et rien de solide pour apaiser tout ceci... Plus envie de se battre, je voudrais seulement dormir disait la chanson... Besoin exponentiel de communiquer, de livrer ses émotions, de parler, parler jusqu'au bout de la nuit. Il n'y a plus de projet personnel, d'avenir à moyen terme à écrire puis bâtir, frustration totale...

Je n'en peux plus d'attendre, d'autant plus que je ne sais quoi ou qui attendre...

Valérie
Bolbec (France

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