J’étais la plus heureuse, j’allais être maman. Toutes les échos se passent à merveille...

J'étais la plus heureuse, j'allais être maman. Toutes les échos se passent à merveille, à chaque fois, il me dit le même : tu es en pleine santé. L'écho morphologique passée, les test de trisomie... négatifs, je me suis dit que maintenant le plus dur était passé. Matthéo était prévu pour le 6 juillet 2006.     Le 8 juillet 2006, je me réveille et encore rien, je lui dis : « C'est l'anniversaire de papa aujourd'hui, tu vas lui faire une surprise ». Je ne pensais pas si bien dire, voilà que je sens mon ventre qui se tend... Je me dis que ça arrive bien souvent, sans m'inquiéter, je regarde les minutes. Contractions toutes les 4 minutes, j'attends un peu et vu qu'elles commençaient à devenir tout doucement douloureuses, je prends une douche, on prend les valises et hop, direction maternité. Arrivé là-bas vers 15h, l'accoucheuse, après avoir fait monito et touché vaginal, me dit que c'est pas pour tout de suite, que je dois retourner chez moi et marcher car je n'ai que 1 cm de dilatation. Je dois revenir quand je n'en peux vraiment plus, c'est à dire vers 18h30, 19h00.

On retourne donc chez mes beaux-parents car elle avait prévu un apéro, repas... pour l'anniversaire de mon homme. À peine arrivée chez elle, je ne savais plus bouger tellement les contractions étaient douloureuses, elle me renvoie à l'hôpital au bout d'un quart d'heure car ayant accouché 3 fois, elle sait ce que c'est. Pff 30 km de route à chaque fois. À l'hôpital, j'avais déjà 5 cm et demi de dilatation. L'accoucheuse me rebranche le monito pendant au moins une demi heure, impeccable, rien à signaler. Elle m'emmène dans le bain de dilatation et fait couler l'eau. Je souffrais énormément mais me sentais un mieux. Elle écoute le cœur et me dit que je ne dois pas m'inquiéter pour mon bébé, qu'il est en bonne santé, il va bien, c'est pour moi que je dois m'en faire et respirer car ça va très vite, que c'est comme si j'accouchais du troisième enfant. Il est alors 19h15. Je dis à mon bébé : « Courage, encore deux petites heures et tu seras dans les bras de maman, mon cœur » et il m'a donné deux coups de pieds. Ce sera les derniers.

L'accoucheuse me met un genre de micro sur le ventre pour écouter les battements du cœur du petit et là... plus rien. Elle me fait sortir du bain sans me dire pourquoi, donc j'ai pris tout mon temps, vu qu'en plus, j'avais des contractions toutes les 30 secondes et j'étais à 7 cm et demi de dilatation, elle réécoute, appelle sa collègue, je les vois s'énerver, paniquer autour de moi toujours sans rien me dire et tout d'un coup dire : « Salle d'opération d'urgence pour césarienne. » Pour moi, c'est comme si on m'assommait, je me mets à pleurer, à crier, à hurler, qu'on sauve mon bébé, vite, vite. On m'emmène en salle d'op. et mon homme a pas pu venir avec moi, je criais pour qu'il m'accompagne, je le voyais pleurer, être complètement perdu et ensuite s'écrouler à terre. Arrivée en salle d'op, je hurlais : « Mon bébé, mon bébé, sauvez mon bébé ! », il fallait seulement m'endormir car j'avais pas fait de péridurale, ça m'a semblé si long, une éternité. À 19h45, le petit est né, inconscient, ils l'ont réanimé 2 fois, fait 3 piqûres dans le cœur...

Je me suis réveillée beaucoup plus tôt que prévu et la première chose que j'ai crié est : « Mon bébé, je veux voir mon bébé » et j'ai enfin pu voir mon enfant avant qu'il ne parte d'urgence pour Tivoli. Il était beau, parfait, pas de défauts il était si magnifique, il faisait 3 k 200 et 54 cm. Les médecins m'ont dit qu'il avait le cordon écrasé autour de son épaule, et mon ventre, à cause des contractions, l'écrasait au fur et à mesure, ce qui l'a fait manquer d'oxygène. Ils ont examiné mon dossier dans tout les sens. Il ne comprennent pas comment ça a pu aller aussi vite.

Dans l'ambulance, Matthéo a fait des convulsions. Le lendemain matin, à 5 h, on m'a téléphoné en me disant que son état se dégradait et nous sommes allés le voir. J'ai fait 70 km en ambulance alors que j'étais intransportable. Pour mon bébé, j'aurais fait n'importe quoi. Arrivée là-bas, je l'ai tenu dans mes bras, j'ai pleuré, je l'ai embrassé, touché... j'étais perdue, je voyais mon petit bonhomme si beau, je le touchais enfin après 9 mois d'attente, l'avais dans mes bras mais je savais que c'était également pour la dernière fois. Les médecins m'ont dit que son cerveau était très endommagé, il restera fort handicapé à vie, une petite plante, il n'y avait aucune chance. On leur a donné l'autorisation de débrancher, pour son bonheur, pour qu'il soit heureux. Il est décédé à 11h15. Le monde s'est écroulé autour de moi car j'avais encore espoir qu'il vive.

J'étais anéantie, c'était l'horreur. Ça aurait dû être le plus beau jour de ma vie et ça a été le pire. Son papa a eu le plus beau et plus moche cadeau d'anniversaire de toute sa vie. Beau car il a enfin vu le visage de l'amour.

Je ne vis plus sans toi, ma joie de vivre s'est envolée avec toi mon amour. Je t'aime plus que tout Matthéo et t'aimerai toujours.

Cindy
Basècles (Belgique)

À vous nos deux garçons perdus...