Je vous écris...

Je vous écris pour vous apporter mon témoignage suite à la perte de ma fille Patsy, 23 ans, survenue le 9 septembre 2000.     Cette journée-là, j'étais partie à Québec, et le soir en revenant, j'ai trouvé ma fille pendue dans le sous-sol de ma maison. Je ne sais pas comment vous exprimer ce qu'une mère peut ressentir quand elle voit son enfant, son bébé, dans cet état ; mais je croyais que mon cœur arrêterait de battre. J'ai demandé l'aide d'une voisine et la seule chose qui me hantait était d'annoncer cette mauvaise nouvelle à sa grande sœur.

Je dois ajouter que mon conjoint est décédé subitement le 4 février 1990 et je n'avais que mes deux filles que j'aime plus que tout au monde.

Le sentiment de culpabilité que l'on vit est terrible à ce moment-là, car je voyais bien que Patsy n'allait pas bien depuis deux mois et la seule chose à laquelle j'ai pensé c'est d'essayer de la convaincre d'aller voir le médecin. Pourquoi ne lui ai-je pas suggéré de demander de l'aide soit d'un psychologue, de Prévention-Suicide ou de Tel-Jeune, etc... mais je m'en veux terriblement. Je sentais qu'elle était terriblement malheureuse ; elle avait un gros mal de vivre et je me sentais impuissante face à sa grande détresse.

Depuis un an, elle était revenue vivre à la maison avec moi, à la fin de ses études.

Pourquoi est-elle partie si jeune alors qu'elle avait toute la vie devant elle ? Elle avait déjà fait une tentative à l'âge de 14 ans, après le décès de son père. Sa sœur et moi-même étions toujours inquiètes quand il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien dans sa vie personnelle, mais elle n'en parlait pas.

Elle a laissé une lettre dans laquelle elle nous dit de ne pas se sentir coupable et qu'elle nous aimait beaucoup, mais elle n'en pouvait plus. La période des Fêtes a été très difficile à traverser et je la revoyais sans cesse au pied de l'escalier. La veille de son décès, je lui ai parlé avant d'aller me coucher et, en sortant de la chambre, je me suis arrêtée et je l'ai regardée ; j'ai eu l'idée d'aller l'embrasser, de lui dire : « Patsy je t'aime » et de la serrer dans mes bras. Mais il y a quelques mois elle m'a dit de ne plus l'embrasser le soir avant le coucher car elle trouvait ça bébé. J'ai hésité et finalement je n'y suis pas allée. Mais je n'oublierai jamais son regard qui me disait : « Maman c'est la dernière fois que l'on se voit et prends-moi dans tes bras ». Pourquoi ne l'ai-je pas fait quand même, je le regrette tellement.

Voilà mon histoire et, en terminant, je voudrais te dire Patsy que tu es toujours dans mes pensées et je t'aime de tout mon cœur. Sois heureuse aux côtés de ton papa, tes grands-parents, tes oncles, ton cousin Jean-François et tes amis qui sont là-haut avec toi. Veille sur ta sœur Sylvie, son ami Mario, tous tes ami(es) ainsi que sur moi, et pardonne-moi le mal que j'ai pu te faire durant ta courte vie.

Ta maman Nicole !
Trois-Rivières (Québec)

Le 17 novembre dernier...