Je voudrais vous remercier pour le bien que vous me faites...

Je voudrais vous remercier pour le bien que vous me faites. Quand j'ai trop de peine, je lis les témoignages et ça me fait du bien.     J'ai perdu mon fils dans un accident de la route, le 10 mai 2005. Il avait 27 ans, c'était mon amour, il l'est toujours d'ailleurs. Que c'est terrible perdre son enfant ! C'était un ange sur la terre. Il faisait nos commissions, comme l'épicerie, allait chercher nos médicaments, voyait à ce qui pouvait nous faire du bien. Je l'aimais tellement (et je l'aimerai toujours). Nous allions au bingo trois fois par semaine, assis toujours ensemble. Si on gagnait, on partageait. Tous les soirs, il venait faire un petit tour dans ma chambre. Parfois il me racontait des choses, regardait les titres de mes livres que je lisais. Je vous le dis c'était mon amour. Jamais je n'aurais imaginé vivre un jour sans lui. Il travaillait à la même place que moi, c'était un travail saisonnier. Puis un mardi matin (maudit pour moi) il est parti pour ne plus jamais revenir.

La première année, j'ai tellement souffert que je ne me rappelle plus de presque rien, seulement la douleur qui me déchirait le cœur, tout le dedans du corps. Je dormais dans son lit les premiers mois, entourée de toutes ses choses : ses photos que j'ai faites agrandir, son sac de hockey, parce qu'il  était arbitre. Parfois je l'ouvre et je sens l'odeur de son casque. Son ordinateur que je n'avais jamais touché, et en ce moment je témoigne ma vie en me servant de lui.

C'est terrible perdre un un enfant, la vie n'a plus de sens pour moi, je n'ai plus le courage, il faut toujours me forcer, c'est l'ennui, le manque de sa présence, je l'entends me parler, rire, je le vois en train de se faire à manger, de manger, de m'aider à faire la vaisselle, il est toujours dans mes pensées. Mais moi personnellement, ce qui me sauve, c'est ma foi.

Dans ma famille, mon frère avant moi a perdu son fils dans un accident de la route, il avait le même âge que Martin. Puis un autre de mes frères a perdu sa fille de trente ans, mère de deux enfants, d'une mort violente. Elle a été battue et brulée. Mais ma famille m'a beaucoup aidée, par expérience elle savait ce que je vivais.

Tous les jours je pleure, je le sais qu'il est parti mais encore j'ai de la misère à croire que je ne le reverrai plus le temps que moi je vais vivre. Par contre je sais que quand ce sera l'heure de m'en aller, c'est lui qui va venir me chercher. Depuis qu'il est parti, j'ai tellement eu des signes de lui, au début des signes vraiment impressionnants, mais j'en ai moins ces temps-ci. Sans parler de mes rêves, endormie et souvent semi-consciente.

J'ai cinquante-neuf ans, je ne peux plus travailler, j'ai mal partout, pleine d'arthrose à la grandeur du corps, mais le mal en dedans fait encore plus souffrir. J'ai un autre fils de trente-et-un ans et j'ai un petit fils de huit ans. Il faut que je continue pour eux. Mon mari a sa peine aussi mais il est renfermé, je vis mon deuil toute seule, et c'est très difficile.

J'ai un autre fils de 31 ans, je l'adore lui aussi, mais il a sa vie, une conjointe, un enfant, un travail. Aujourd'hui il est parti en vacances, je me sens encore plus seule. Martin, mon fils qui est parti, demeurait avec nous autres. Il n'avait pas de petite amie, c'était notre rayon de soleil dans la maison.

Je m'ennuie tellement de lui que des fois, je pense que je vais devenir folle. Je pleure tous les jours. La vie n'est plus la même, il n'y a plus rien qui m'intéresse. Pourquoi de pareilles épreuves ?

J'aimerais que vous me répondiez s.v.p. J'ai une travailleuse sociale qui m'aide beaucoup, mais j'ai besoin de témoignages d'autres parents qui vivent la même chose que moi. Le soir, je ne sais pas quoi faire, alors je vais sur l'ordinateur et je cherche des sites sur le deuil.

Francine
Chandler (Québec)

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