Je viens de perdre ma fille de 34 ans

Je viens de perdre ma fille de 34 ans d'un AVC très sévère. Le soir : « bonne nuit maman je t'aime. » Le lendemain matin je la retrouve à terre, les yeux égarés, paralysée. Diagnostic : AVC sévère, côté droit du cerveau mort, incapable de parler, de boire, de manger.

Elle avait un handicap intellectuel léger et aimait dormir avec un toutou. Donc j'ai apporté le toutou à l'hôpital et comme elle comprenait tout, je lui ai demandé d'agiter le toutou de sa main droite quand elle aurait de la douleur. C'était le 5 janvier 2019. Elle a agité ce toutou tellement souvent!

Elle a eu en plus l'influenza, une pneumonie, une infection d'urine. On a tout tenté pour au moins réussir à redresser sa tête qui était toute croche, mais en vain. Elle avait d'énormes contusions partout dans le dos, probablement causées par la chute de son lit ce matin-là. Elle était nourrie par un tube du nez vers l'estomac, avait des aiguilles sur ses mains et avait des injections pour tout. En plus sa bouche était remplie de sécrétions et ça faisait des croutes que j'enlevais avec le l'huile minérale fournie par l'hôpital et une petite brosse fine, c'était difficile car elle arrivait à peine à ouvrir la bouche.

Finalement au lieu de s'améliorer elle a régressé de façon importante et aurait passé le reste de sa vie clouée sur un lit, gavée par l'estomac, des poulies pour essayer de la lever et des douleurs intenses. À 34 ans quel genre de vie elle aurait eu, c'est à faire frissonner. Donc j'ai eu à décider si je voulais ça pour elle ou bien lui donner les soins palliatifs et la laisser partir. C'est ce dernier choix que j'ai fait, un choix extrêmement déchirant mais un choix d'amour. Je lui en ai parlé avec son toutou elle m'a montré que c'était ce qu'elle voulait elle aussi.

Elle est décédée le 22 janvier, c'est très récent et je pleure tellement! Je l'aimais ma fille, je l'aime encore, c'était mon rayon de soleil. Perdre son enfant c'est perdre une grosse partie de son cœur. Ma peine n'est pas plus importante que tous les gens qui perdent un être cher, c'est juste très différent. Il me reste un fils et on se console ensemble. C'est très dur mais ma seule consolation est que ma fille ne souffre plus. Il faut s'entourer de gens qu'on aime et avec le support de bien des amies et amis, ça aide mais la peine est là pour rester pendant bien longtemps.

Je souhaite à tous et toutes qui ont écrit des commentaires de continuer d'exprimer leurs peines, d'en parler, garder ça en dedans ne fait qu'empirer la santé physique et mentale. C'est dur un deuil mais il faut guérir et ça m'arrivera un jour j'espère.

Ginette
(Québec)

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