Je suis perdue. Par où commencer ? ...

Je suis perdue. Par où commencer ? Par cette affreuse journée du 3 juillet où mon mari s'est donné la mort au dessus de la grange de notre maison. Quand je me suis levée le matin, sa voiture, son sac, son portable, toutes ses affaires étaient là, alors qu'il était censé être parti à 4h du matin en Bourgogne, pour son travail. Affolement, j'ai couru partout, je l'ai cherché partout. Je l'ai appelé dans la maison, le jardin, la cave, les champs, les bois et les petits bâtiments de chez nous. Rien, je recommence, toujours rien. Je crie son nom autant que je pouvais. Folle d'inquiétude, je rentre à la maison pour appeler la gendarmerie et là, je m'aperçois que sur la table de la cuisine, son tube de somnifères était vide. J'ai compris, j'ai compris pourquoi tout le dimanche il avait beaucoup bu (vin – bières). Pourquoi n'ai-je pas compris quand il est venu me prendre dans ses bras en me demandant « de lui pardonner pour tout ça ». Culpabilité ! Je lui ai répondu « si cela ne va pas appelle-moi ! » Et il est allé au seul endroit ou je n'irais pas le chercher, au dessus de la grange : j'avais peur de monter sur la grande échelle.

Je vous passe tous les détails atroces de cette journée, la gendarmerie, l'enquête, tous les amis qui arrivent en pleurs. Ma fille, mon gendre arrivant de Paris, écroulés de douleur. Oui, douleur intense, incontrôlable. La cérémonie, la crémation, le départ en Bretagne. Tout est douleur. Tout est tristesse, mélancolie.

Qu'est-ce que je n'ai pas compris ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? Je savais qu'il déprimait (gros stress au travail où il pouvait être licencié dans les 2 mois). Je l'avais adressé à un psy et c'est pourquoi il avait des somnifères, il ne dormait plus. Mais nous en parlions beaucoup. Comment a-t-il pu se sentir aussi mal, aussi seul pour en arriver là ! Et moi, je reste là, seule sans lui. Des fois je réalise qu'il ne sera plus là et je m'effondre. Des fois d'être à la maison me fait penser qu'il va rentrer du travail – absence – J'ai encore toutes ses affaires. Je dors avec son t-shirt, mais pas dans notre chambre... Je lui parle tout le temps à voix haute. Je suis moi-même en arrêt maladie depuis 2 mois pour dépression réactionnelle à un traumatisme. Je suis complètement perdue, ma vie sans lui n'a aucun sens. Je ne peux pas rester dans cette maison, mais la vendre, c'est le trahir. C'était notre projet cette maison. Ma douleur est atroce, l'absence inimaginable ! Mon cœur saigne, mon âme pleure.

Au début avec tout le monde qui m'entourait je ne pouvais pas pleurer (ça ne se fait pas). Aujourd'hui, je m'effondre pour un oui pour un non. Je ne dors plus, je ne mange que quelques salades. Je maigris très vite. Je suis fatiguée, je suis complètement vidée. Comment et où trouver la force de continuer sans lui ? 28 ans de vie commune ! Comment réaliser que maintenant je dois tout faire toute seule. Comment vais-je trouver la force pour partir de cette maison ?

Ma fille, mon gendre (mon petit-fils 18 mois) sont repartis à Paris. Ma fille est en pleine dépression, aussi effondrée que moi. Elle n'a pas repris ses cours en 2e année à l'école, donne son fils à garder, reste seule enfermée chez elle. Je suis allée la voir. Hélas je n'y arrive pas, elle pleure = je pleure. Ou trouver la force, les mots pour l'aider ? Elle doit voir un psy le 28/09.

Au début, j'étais hébergée chez des amis. Aujourd'hui je suis de retour à la maison. J'en ai besoin, j'ai besoin d'être dans nos affaires. Et puis c'est le seuil endroit de recueillement car ses cendres ont été déposées à Dinard en Bretagne, près de sa maman qui a fait comme lui.

J'ai besoin d'aide. Je n'y arrive pas seule. Mon psy ne me suffit pas. J'ai besoin de parler, de communiquer avec des gens comme moi. Comment trouver et où ? Des groupes de paroles, de soutien ? Existe-t-il des sites ou des forums sur Internet ? Moi, je n'ai rien trouvé dans la Vienne. La solitude me pèse terriblement. Cette grande maison vide sans lui où je n'entendrai plus jamais son rire. Aidez-moi...

Nadine
Le Pinier (France)

Mon mari bien-aimé est parti à jamais...