Je sens ta présence partout...

Georges, l'homme que j'aimais s'est donné la mort dans la nuit du 6 au 7 Janvier après m'avoir rejetée pendant 2 jours, assailli par tous ses doutes et ses problèmes qu'il ne voulait pas partager, pour me laisser seulement l'image de l'homme qu'il aurait voulu être pour moi.

Le Castelet (France), le 19 Janvier 2004

Je sens ta présence partout.

Ce pneu à moitié dégonflé le jour de ta cérémonie funéraire, les feux de la voiture qui se mettent tous en anomalie lors de ta crémation, alors que ces petits tracas mécaniques qui m'agaçaient tant te faisaient beaucoup rire, puisque notre rencontre était due à une panne de ma moto.

Tout à l'heure, c'est ce chéquier de la Poste, que je n'avais jamais sorti, sur la couverture duquel il y a une publicité pour le film « L'Éternité et un jour », que tu voulais tant voir alors que je le pressentais lugubre.

Il me semble que tu es là tout le temps. Tout à l'heure dans ma chambre, des effluves du parfum que je t'avais offert, sans que personne n'en ait ouvert la bouteille.

Regarde, même ce calendrier de la Poste, choisi par ma maman en mon absence, que je n'avais même pas regardé, qui a Baloo et Baghera comme image. Mon ours à moi. Doux, tendre et marqué par la vie.

J'étouffe de te sentir si près et de ne pas pouvoir te toucher.

Est-ce que je deviens folle ou est-ce que tu cherches à garder le contact avec moi dans l'au-delà pour que je ne me sente pas si seule désormais.

Si tu savais comme je t'en veux et je m'en veux de ne pas avoir su t'écouter ce dernier soir, après toutes les blessures que tu m'avais infligées ces deux jours.

J'ai vraiment cru que je n'étais plus rien pour toi et que tu voulais me quitter pour une autre femme. C'était douloureux, mais je m'en serais accommodée. Ta mort, elle, je n'arrive pas à l'accepter, car elle est sans retour possible. Dans mon cœur et dans mon âme, tu as planté un poignard.

As-tu pensé à ce que je pourrai devenir sans toi ? M'as-tu cru vraiment si forte ?

Tu as toujours refusé de croire que je puisse être fragile, et, si tu savais, pourtant, combien je suis près de tomber ce soir.

Tu étais devenu le centre de ma vie. Cela, tu ne l'as jamais cru, je crois. Savais-tu vraiment voir avec ton cœur ?

De tous ceux qui te pleurent, ceux qui le font sincèrement sont ceux à qui tu as toujours fait mal, comme si tu ne pouvais aimer sans faire mal.

Si ,d'ailleurs, ton amour était proportionnel aux blessures infligées, alors, oui, je suis celle que tu as sans doute le plus aimée.

Mon Dieu, Georges, pourquoi m'avoir abandonnée, alors que tu disais que tu serais toujours là pour moi ?

J'ai, aujourd'hui, essayé de joindre ta fille par sms pour lui dire combien tu l'aimais, car elle semble ne pas vouloir me parler. Michèle m'a un peu plus parlé de vos relations, et elle est bien la fille égoïste et dure que je voyais face à toi.

Je voudrais qu'elle me vende des affaires à toi, tes gants de moto, la polaire que nous avions achetée ensemble, le CD d'Art Mengo que tu m'avais commandé, mais aussi ton téléphone et peut-être ton portable. J'espère y retrouver des traces de nous, voir que tu n'avais pas tout effacé aussi stupidement que moi.

La stupidité, cela semble contagieux d'ailleurs. Nous avons toujours été miroir et, si tu es bien maintenant, fais que je me sente bien aussi. Pour le moment, ce n'est pas vraiment ça.

Je ne dors plus, mais cela, bien avant de savoir que tu étais mort. Depuis la nuit du 6 au 7 janvier, je me réveille tous les matins entre 1h et 1h30, et je ne me rendors pas jusqu'au matin. Je maigris. J'ai les traits tirés et je fais enfin plus que mon âge, ce qui devrait te faire plaisir. J'essaie encore de rire, tu vois, mais que cela fait mal, Georges. Je t'aime. Je ne renie aucun de mes mots d'avant. Tu es un homme magnifique, et je finirai par accepter ce choix que tu as fait, par amour pour toi. A Toi. Toujours.

Ta Nourse,

Dominique
Castelet (France)

Mon homme, mon ''bb"...