Je m'appelle Dominique j'ai 45 ans. Le 19 novembre 2001 mon mari s'est suicidé suite à une « dépression fulgurante » comme disent les médecins.
Je n'ai rien compris et rien vu venir ; pour toute la famille il était le roc la référence. Et tout d'un coup un gros souci à son travail « je ne pourrai plus regarder mes enfants dans les yeux » me disait-il. J'ai pu l'arrêter à sa première tentative mais pas à la seconde.
Je me suis longtemps demandé comment il avait pu nous faire ça à moi et à nos enfants et puis un jour j'ai compris qu'aucune réponse ne m'aiderait et que je devais accepter son choix sans le comprendre.
Mes trois enfants ont énormément souffert de son geste et lui en ont beaucoup voulu. Mon deuxième fils s'est alors lancé dans une vie d'autodestruction refusant toute aide. Sa sœur a tout fait pour être auprès de lui le plus possible le freinant dans ses actes extrêmes tels que la drogue l'alcool et les mauvaises fréquentations. Et puis il a eu cet accident de voiture le 4 juillet 2003. Il nous a quittés lui aussi et je ne pourrai jamais exprimer ce que j'ai ressenti. Il n'y a pas de mots pour ça.
Depuis mes deux enfants et moi-même nous nous battons pour continuer à vivre sans le filtre de la mort devant nos yeux. Nous sommes très proches et ils m'aident énormément. J'ai l'impression que toutes ces épreuves m'ont rendue indifférente à tout je suis devenue comme un bloc de glace rien ne me touche vraiment. Je me bats pour survivre c'est tout et ça me demande toute mon énergie.
Je sais que je continuerai malgré tout à avancer mais je prie le ciel que ça ne dure pas trop longtemps et que je les rejoigne pour me reposer enfin !!!
Domie
Muret (France)