Je lui ai parlé

Si quelqu'un vous lit ceci,
C'est que je suis parti pour le long voyage.
Je ne voulais pas partir, mais le Boss a dit :
« Il est temps mon Dédé »

Je Lui ai dit que je n'avais pas encore vu
Tous les couchers de soleil, tous les levers de soleil ;
Que je n'avais pas fini de compter les étoiles,
Les nuits d'hiver quand tout est noir.

Je Lui ai parlé du scintillement de la neige,
Certains matins d'hiver quand le soleil est là.

Je Lui ai parlé aussi du chant des oiseaux,
Du bruit du vent dans les arbres,
Du chant de la pluie qui tombe,
De l'arrivée des outardes au printemps

Je Lui ai parlé, parlé...

Il était là et écoutait d'un air attentif,
Puis il a souri !

Alors j'ai continué.

Je Lui ai parlé des beaux et bons moments
Passés avec vous tous,
Des rires et parfois de la peine
Que nous partagions tous ensemble,
Quand l'un de nous partait pour le long voyage.

Je Lui ai parlé de vous tous,
De ceux qui ne sont plus là.
Je Lui ai dit tout ce que j'aurais aimé vous dire
Mais que je ne vous ai jamais dit,
Je Lui ai dit que je vous aimais.

Je Lui ai parlé des fleurs de mon jardin,
De mes rêves et de mes enfants,
Je Lui ai dit qu'ils étaient tout pour moi,
Que j'aurais voulu faire beaucoup plus pour eux.

Je Lui ai parlé encore et encore,
Et il continuait à me sourire.
Alors j'ai parlé de mes petits-enfants,
Mes amours de petits-enfants.
Je Lui ai dit que chacun était une fleur dans mon cœur.

Je Lui ai parlé de ma femme,
Celle qui a su garder ses peines
Pour que la mienne soit moins grande,
Celle qui avait tant de force en elle,
Celle qui n'a jamais su que sans elle
Je n'aurais jamais traversé toutes les épreuves
de notre vie.

Je Lui ai dit tout cela, il m'a regardé
Et Il a tout simplement répondu :
« Il est temps mon Dédé ! »

Alors j'ai fermé les yeux et là,
J'ai vu de merveilleux couchers et levers de soleil,
Des fleurs, des oiseaux,
J'ai entendu le bruit du vent et le chant de la pluie ;
J'ai revu... ceux que j'aimais.

Alors, je Lui ai dit :
« Et ceux qui restent... eux aussi, vont me manquer ».

Il a souri et Il a répondu :
« Pour eux aussi, il y aura un temps mon Dédé »

André
Saint-Wenceslas (Québec)

Pour Thomas