J'avais 2 enfants, mais le 28 mai 2008 à 8h15 la vie a décidé de me reprendre ma petite fille adorée...

J'avais 2 enfants, mais le 28 mai 2008 à 8h15 la vie a décidé de me reprendre ma petite fille adorée de 9 ans 1/2. Elle s'est effondrée terrassée, son petit coeur s'est arrêté de battre et le cauchemar a commencé.

Ce matin du mercredi 28 mai 2008, jour des enfants, j'emmenais Solène et Lilian son petit frère de 2 ans chez la nounou qui habite à 100 m de chez moi. C'était un jour particulier car je ne travaille jamais le mercredi, sauf ce jour là...

Je me souviens que nous avons fait le chemin à pied, elle portait un sac dans une main, mes clefs de voiture et 2 « pet shops » dans l'autre, Solène me montrait un grand arbre en me disant « papi m'a dit qu'il y a un nid de cigognes dans cet arbre », c'est la dernière conversation que nous ayons eue.

Lilian me tirait par la main et sa sœur avait un pris un peu de retard, elle n'était pas très rapide... arrivée devant la porte de l'immeuble de la nounou, j'entend les clefs tomber, j'entre dans l'immeuble sans me retourner et me dis « elle a fait tomber les clefs et va les ramasser ». Le petit me tire par la main, monte les escaliers, je trouve bizarre que Solène ne nous suive plus, je l'appelle à chaque étage je me confie Lilian à la nounou et dit : « je ne comprend pas, Solène ne me suis plus, je dois redescendre... ». Je descends les escaliers en courant, je croise un M. qui remonte je l'avais croisé quelques secondes avant qui descendait, il me dit « il y a une petite fille par terre, c'est votre enfant ? Je croyais qu'elle faisait semblant mais elle ne répond pas...» On court, ma fille est par terre, elle saigne de la bouche, au début je pense qu'elle s'est assommée, tout va très vite, le facteur et le M. sont là, ils me disent qu'ils entendent son pouls, puis, ils la mettent en position de sécurité, le facteur fait le 18 moi j'appelle à plusieurs reprises « Solène tu m'entends ? ».

J'ai effectué une formation de secouriste et les choses à faire me reviennent petit à petit. Je leur dis mais vous êtes sûrs que son cœur bat ? Alors j'écoute et j'entends mon propre cœur, entre temps la nounou est descendue me rejoindre elle écoute à son tour, on est trop stressée et du coup c'est nos propres battements que nous entendons, alors je me décide à prendre les choses en main. Je mets Solène sur le dos et pratique un massage cardiaque, je compte à haute voix pour ne pas me déconcentrer « 1, 2, 3... 30 » puis 2 insufflations, je n'aurai jamais cru être capable de l'effectuer un jour, en formation on est hésitant, peur de se tromper. Dans des conditions d'urgence on s'aperçoit que nous déployions des forces insoupçonnées. Les gens me regardent par les fenêtres, dans la rue, ils pleurent tous, je suis la seule à ne pas pleurer, je n'ai pas le droit car il faut sauver Solène, on entend les sirènes des pompiers s'approchant de plus en plus, le facteur trouve que ça dure trop longtemps, pourtant je trouve qu'ils sont rapides, ils arrivent en 5 minutes.

Là on vous mets de côté, on vous éloigne de votre fille sans vous remercier d'avoir effectuée les gestes élémentaires en attendant les secours. Je les vois découper sa jolie robe, poser le défibrillateur, l'appareil se met à parler « éloignez vous du patient... »

Entre temps j'appelle le travail de mon homme pour qu'il me rejoigne au plus vite, 2 dames très gentilles qui étaient auparavant par la fenêtre descendent me voir, elles m'offrent à boire puis un gilet car j'ai froid.

Le Samu arrive bien 5/8 minutes après les pompiers et là je me dis on a bien fait d'appeler le 18 et pas le 15 ! Tout le monde s'affère autour d'elle : perfusion, trachéotomie et tout le reste... On ne me dit rien, tout ça dure plus d'une heure... Je m'approche et demande à une femme pompier : « son cœur bat ? » elle me répond que oui.

Au bout d'une heure et demi la médecin du Samu vient me voir et dit « le cœur est faible, on va la transférer aux urgences et peut être organiser un transfert sur Nancy mais je ne promet rien, tout peut arriver dans l'ambulance et nous ne savons pas encore les dommages qu'a pu subir son cerveau. »

Nous suivons les pompiers et le Samu aux urgences (à 5 minutes en voiture), on nous dit d'aller en salle d'attente pendant l'installation de Solène. La Médecin revient et nous dis que sont cœur est tombé à 24 pulsations pendant le transfert et le cœur ne peut pas battre sans massage cardiaque. Le cardiologue (celui qui a découvert sa maladie en septembre) fait une écho du cœur puis on lui fait un électro-encéphalogramme.

L'espoir de la revoir vivante s'éloigne de plus en plus, le cardiologue et la médecin viennent nous annoncer le verdict : «Solène a fait une mort subite, une arythmie aigue, le risque avec sa pathologie, il n'y a plus d'activité au niveau du cerveau, on doit tout arrêter »

Tout est allée si vite que je ne réagis pas, la terre s'effondre autour de nous et je ne peux pas pleurer, un infirmier psy vient me voir et m'emmène dans son bureau, je lui raconte tout sans pleurer, il me dit que c'est normal que je ne pleure pas, chaque personne réagit différemment.

La Médecin me dit que je peux appeler ma famille, je donne le n° de ma mère, elle ne répond pas. Alors je donne le n° de mon père qui vient de se faire opérer d'une hernie la veille, le médecin annonce la nouvelle car j'ai peur de lui annoncer, il veut me parler et pleure, ils viendront le lendemain en avion car ils habitent dans le Var.

J'appelle ensuite ma sœur qui hurle de douleur au téléphone, elle me dit on arrive, ils habitent à 3 heures de chez moi.

Ma belle-sœur est la première à nous rejoindre dans le bureau du psy, elle sanglote tellement qu'elle ne peut pas nous parler.

Je ne vous raconterai pas la suite car je pourrais en faire des pages.

Solène était une petite fille hors du commun, ce n'est pas parce que je suis la maman que je dis ça, c'est aussi ce que pensent les gens et les copains, copines qui la connaissaient. Malgré ses problèmes orthopédiques divers, elle était joyeuse, entraînait les autres à des jeux inventés car elle était pleine d'imagination. Elle avait beaucoup d'humour et tous les enfants et instituteurs l'adoraient car c'était un « ange », un don du ciel qui émerveillait mes journées depuis le mercredi 13 janvier 1999.

Elle disait ces derniers temps qu'elle avait pas de chance car elle était née un 13 à 8h13 et que c'est pour ça qu'elle était malade... Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'elle allait avoir un malaise mortel un mercredi vers 8h13... Solène est née un mercredi matin et est décédée le même jour de la semaine... coïncidence ou pas ? Dieu seul le sait.

Nous savions depuis quelques mois que Solène avait une cardiomyopathie hypertrophique, super suivie par divers spécialistes d'un grand CHU on nous a dit que tout irait bien, qu'un traitement ou la pose d'un pace maker n'était pas indispensable pour le moment. Pour son malheur Solène était "asymptomatique", 1 mois avant son décès nous nous sommes rendus à l'hôpital Necker voir un grand spécialiste qui nous a dit de ne pas s'inquiéter que l'on aurait le temps de voir venir si son état se dégradait. Les médecins ne veulent pas choquer les parents, ils préfèrent donc les rassurer sachant pertinemment que le risque 0 n'existe pas. Elle n'a pas eu "la chance" d'être en insuffisance cardiaque. Je dis "la chance" car au moins elle aurait pu être soignée.

Le plus gros risque dans ce type de maladie était la mort subite, les médecins nous disaient d'appeler le Samu si jamais son cœur s'emballait afin de détecter une anomalie et d'engager un traitement, en 9 ans elle n'a jamais fait de malaise et je ne pense pas que ça allait changer.

Aujourd'hui il faut apprendre à vivre sans elle et c'est dur de trouver la force de continuer après un choc aussi violent...

Merci de m'avoir lue et je souhaite à tous et à toutes beaucoup de courage pour la vie future sans vos enfants ou vos proches perdus à jamais.

Magali
Neufchâteau (France)

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