J'ai 20 ans et j'ai perdu mon petit frère il y a quelques mois. Il est mort à 14 ans d'un malaise cardiaque. J'ai l'impression qu'il est mort par erreur, à la place d'une personne âgée. Normalement, à 14 ans, on ne meurt pas d'un malaise cardiaque. Ce fut horrible, si soudain, et ce n'était pas le moment. Il est mort le lendemain de son anniversaire ; je n'ai pas pu lui donner son cadeau car je comptais le lui donner en rentrant chez mes parents en fin de semaine. On lui aurait fait une 2e fête d'anniversaire et en même temps on aurait fêté le mien. Je n'ai pas eu d'anniversaire cette année car il était trois jours seulement après sa mort. Certains ont essayé de m'offrir des cadeaux mais j'ai trouvé leur attitude vraiment très déplacée.
Parfois j'ai l'impression d'aller un peu mieux, le plus souvent je sens que je ne vais pas bien et je dois me débrouiller pour m'en sortir car je suis très solitaire et mes parents et mes frères abordent le deuil d'une façon si différente de la mienne que parfois elle m'est pénible. Quelqu'un nous a dit qu'on peut aborder le deuil de deux façons : garder toutes les affaires et vivre entouré de photos du défunt ou enlever tout ce qui appartenait au défunt. Mes parents sont dans la 1re catégorie et moi non, ce qui me donne parfois l'impression de vivre dans un monument funéraire. Je pense que si mes parents et mes proches respectent ma façon de vivre ce deuil j'aurai une chance de m'en sortir.
Je voudrais achever en insistant sur le fait qu'il ne faut pas attendre pour dire à nos proches combien on les aime. Moi, je ne suis devenue proche de mon frère qu'il y a 5 ans. Avant, nous nous détestions, moi à cause de gamineries et lui à cause de mon comportement. Nous aurions pu vivre 14 ans heureux si je m'étais rendue compte avant que j'avais un frère formidable. Maintenant j'essaie de ne pas reproduire la même erreur avec mon père.
J'espère que Sébastien est heureux, où qu'il soit.
Nelly
(France)