Il y a trois semaines, mon frère Benoît...

Il y a trois semaines, mon frère Benoît quittait son amie.  C'était très dur parce qu'il pleurait souvent (quitter sa compagne après un an d'essai, quitter son boulot, chercher un appartement, etc.).  Comme je suis sa soeur ainée, ce qu'il disait du passé qui lui faisait mal me faisait très mal aussi (mais je continuais de l'écouter).     Mon frère me téléphone, il y a deux semaines, le dimanche après midi et me dit : « Si tu es dans le coin tu peux passer... ».  Je sentais qu'il se sentait seul, mais je devais m'occuper de ma soeur hospitalisée suite à un accident de voiture très grave et je ne suis donc pas passée chez lui.  Mais cette nuit là, il m'attendait jusqu'à minuit...

Le lundi au soir, un collègue à mon frère me téléphone en disant l'inquiétude du personnel en n'ayant pas vu Benoît au travail et n'ayant pas non plus reçu de coup de fil...  J'avais des appréhensions, même si mon frère m'a déjà parlé mille fois de suicide.  J'ai pris un calmant et mon ami et moi sommes allés voir chez Benoît.  On s'attendait à ce qu'il déprime, mais il ne répondait ni au téléphone ni chez lui.  Nous avons été chercher la police pour entrer dans l'immeuble en leur disant que nous étions inquiets.  Nous sommes montés, un policier a entrouvert la porte de l'appartement et moi je l'ai ouverte, déterminée à trouver mon frère ou des explications.  Je pensais le trouver déprimé, à boire ou Dieu sait quoi.  Je m'avançais dans l'appartement droit devant moi, puis à ma gauche une ombre, je me suis donc retournée et l'horreur !!!!!  Mon frère pendu avec sa corde à un mètre de moi.  Ce visage et le cri que j'ai poussé, jamais je n'oublierai.  Jamais.

Avant hier, c'était l'enterrement que ses amis avaient préparé.  C'était très bien fait et c'était très beau.  J'avais avalé quelques calmants, donc j'étais sur un nuage jusqu'au crématorium.  Lorsque le cerceuil a avancé, je ne sais pas pourquoi, je pensais que nous étions tous à l'appartement de Benoît et j'ai revu ces images horribles, alors j'ai hurlé, ce qui a saisi tout le monde parce que je délirais et je parlais comme dans l'appartement (le jour où je l'ai trouvé) des phrases du genre : « Vous l'avez touché ? ... Il n'est peut-être pas encore mort ... L'ambulance, c'est pas pour moi c'est pour lui au 3e étage ... Surtout n'allez pas le voir, vous allez vous sentir
mal ... ».  Tout l'après-midi j'ai déliré et n'ai plus rien compris.

Je souhaite que les personnes qui ont des idées de ce genre pensent à leurs proches qui vont vivre ça.  Je souhaite qu'avant d'en passer à ça, vous alliez consulter un psychologue.  Ne prenez pas ça mal mais plutôt comme une médecine de la tête.  Vous acceptez bien de vous faire soigner pour une grippe, eh bien pensez que de mauvaises choses se trouvant dans votre tête peuvent remonter pour aller mieux après.  Nous avons tous quelque chose à faire sur la terre...

Depuis que je pense à mon frère et moins à moi, j'accepte son choix. Je lui en veux de m'avoir réservé cette surprise puisqu'il savait que j'allais tôt ou tard passer, mais peut-être qu'il n'a pas eu le temps ou l'énergie d'y penser...  Bonne chance dans la vie et quoiqu'il vous arrive parlez-en !!!

Chantal
Bruxelles (Belgique)

Le deuxième anniversaire !