Il y a 15 ans déjà. Quinze ans, direz-vous ? Mais c'est il y a très longtemps…

Il y a 15 ans déjà. Quinze ans, direz-vous ? Mais c'est il y a très longtemps... Oui, très longtemps parce qu'il y a 15 ans que je n'ai pas embrassé mon fils, mais c'était hier qu'il est parti... Il est mort d'une hypothermie au cours d'un raid sportif, dans les bras de son père qui l'avait vu naître.

Il aimait la vie comme on peut l'aimer à 17 ans, quand on aime le sport, la nature, ses copains, sa famille. Un peu moins les maths, mais sa dernière note avait été très honorable et il en avait accroché sa copie au-dessus de son bureau.

Il est mort dans un lieu magnifique, presque magique, dans la nature, au milieu de ses copains sportifs, de la mort la plus douce qui soit. Alors je n'ai pas le droit de me plaindre quand je lis vos témoignages et que je pense à vos fils et vos filles morts à l'hôpital ou sur le bitume d'une route. Je pleure en les lisant. Je pense à vous.

La dernière fois que je l'ai vu, c'était dans une nuit étoilée, derrière un grand feu de camp.

Maintenant il a trois neveux qu'il ne connaîtra pas, bientôt quatre. Et je pense aux petits enfants blonds aux yeux bleus, un peu maigrichons, dont il ne sera pas le père. Je voudrais tant l'embrasser.

Tous les matins, on remet le sac à dos en se réveillant. Il est toujours aussi lourd qu'au premier jour. Mais on s'est musclé et on en a pris l'habitude.

Courage, on est tous ensemble, nous, les parents désenfantés. Chaque deuxième dimanche de décembre, comme tous les parents orphelins, j'allume une bougie entre 19 h et 20 h. On allume ainsi à travers le monde une couronne de lumière en souvenir de ces enfants qui veillent sur nous.

En souvenir d'Emmanuel

Claire
Cantal (France)

Comme la vie peut-être tellement dure parfois, il y a des obstacles qui nous sont parfois si difficile...