Cela fait six ans et demi que Cathy est décédée accidentellement. On en a pris des glissades dans cette expérience-là, et cela arrive encore, on a des moments de joie aussi. Ce n'était pas une course pour revenir bien, selon un modèle que plusieurs de notre entourage voulaient qu'on soit. Mes sœurs, ma mère ne m'ont pas rendu de visite non plus. Elles ont joué aux cartes entre elles et diagnostiqué des dépressions. Au bout de six ans et demi, elles ne sont toujours pas capables, selon leur dire. Dans ma détresse, j'ai appris à ne pas compter sur elles, car elles me blessaient. J'ai repris le travail très tôt et je me permettais de prendre des congés lorsque je devenais plus fatiguée, car les émotions prennent des énergies. L'écriture fut un bon moyen et de parler avec ceux qui sont devenus de très bon(ne)s ami(es). L'amitié est très forte chez moi.
Je n'ai pas pris de médication, sauf au bout des trois premiers mois de deuil, car l'anxiété m'empêchait de dormir et je ne pensais pas à dormir, je lisais sur le deuil. Heureusement qu'il y a eu la littérature pour moi. Alors j'étais normale, c'est la raison pour laquelle je peux vous dire qu'il y a une différence entre dépression et chagrin situationnel. C'était un médicament anxiolytique au besoin. J'ai pris cela sur une courte période. L'énergie revenue, j'ai abandonné cela.
Il faut prendre soin de nous, on le mérite et c'est le secret afin de passer à travers cette épreuve. Les choses qu'on aimait ne sont pas présentes les premiers temps, mais ça revient avec le temps. Il y a de l'espoir, vous savez. Mon mari et moi avons vécu cela différemment et sommes de constitution et issus de familles différentes. Il faut du respect l'un envers l'autre et cela n'est pas facile non plus, il en faut de la patience, de la tolérance. Nous sommes encore ensemble et c'est possible malgré tout car j'avais l'impression que le deuil ne finirait jamais.
Bonne chance.
Denise
Dégelis (Québec)