Cela fait 6 mois, le 12 octobre 2003, Thom a décidé de nous quitter...

Cela fait 6 mois, le 12 octobre 2003, Thom a décidé de nous quitter en allant se jeter d'un pont ; il a quitté la maison la nuit en vélo laissant tous ses papiers et une lettre sur son bureau (lettre distribuant ses affaires). Le lendemain matin  j'ai voulu aller le réveiller, le lit était vide...     Il avait 18 ans,  il venait d'avoir son bac avec mention, entrait en prépa école ingénieur, avait eu son permis moto et sa moto ; il sortait souvent, avait de nombreux copains et pas de problèmes amoureux. Nous vivons dans une famille unie ; Thom a 2 frères, 25 et 23 ans. Notre fils n'avait pas soi-disant le profil d'un suicidaire ; alors  pourquoi ? Nous avions l'impression d'être proches de lui et maintenant je vais tous les jours au cimetière.

Je l'ai vu dans son cercueil mais cela fait 6 mois et je dénie son départ. J'attends qu'il rentre, j'écoute les bruits dans sa chambre ; je me refuse d'admettre la réalité ; pour moi il n'y a plus de réalité, j'essaie de montrer aux autres que j'arrive à m'en sortir, je maintiens le minimum de civilités mais je vis en permanence avec Thomas dans ma tête dans mon coeur ; pourtant j'ai un époux admirable et 2 garçons adorables qui ne vivent plus à la maison mais sont souvent présents.

Quelle douleur : quand je pense à son geste je comprends l'expression « avoir mal au ventre  » viscéralement.

Cela fait 6 mois, l'anesthésie du choc s'atténue et malgré les médicaments le gouffre devant moi est de plus en plus profond ! Prendre des cachets et  dormir, j'y ai souvent pensé mais je ne veux pas faire souffrir mon mari qui est malheureux mais qui me soutient et mes deux autres fils.

Thom était prématuré : sa naissance avait été brutale mais son départ, que dire de son départ !! Après six mois,  après un an, hurle-t-on toujours son nom pour qu'il entende ?

Nous avons une bougie allumée à la maison  depuis le 12 octobre ; quand la flamme bouge, je me dis que Thomas veut communiquer. Dans six mois m'enfermera-t-on !

Quand nous perdons un enfant, nous nous sentons débarqués du train de la vie, nous restons sur le quai  et regardons les autres être heureux.

Nous avons été heureux nous aussi... avant !!!!

Sa maman,

Yolaine
Ourbelille (France)

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