Ça fait maintenant sept mois que mon frère s'est enlevé la vie...

Ça fait maintenant sept mois que mon frère s'est enlevé la vie. Quand c'est arrivé, j'ai cru qu'il me l'avait enlevée à moi aussi. C'était comme si j'avais perdu mon cœur et mon âme. Je marchais dans un labyrinthe mais sans en trouver la sortie car je n'avais pas de guide. Je voulais juste me terrer quelque part au fond de moi et ne penser qu'à lui, à mon frère, mon meilleur ami et aussi comme mon enfant.     Je ne trouvais plus de sens à ma vie sans lui. Car loin ou proche, on était toujours dans les pensées l'un de l'autre. On se comprenait et on se devinait. Il était comme la moitié de moi-même. Mais ça, on dirait que personne ne l'avait compris.

J'ai vu sa détresse et tout, mais je n'ai pas vu qu'il ne me restait plus de temps pour agir. Alors la culpabilité s'est installée en moi. La rage aussi. Tous les jours je me disais : « Il est mort, je ne le verrai plus et je n'ai rien fait pour l'aider ».

Pendant tout ce temps, la seule chose qui me permettait de continuer, c'était mes enfants. Mais je n'en profitais pas.

La dernière fois que j'ai rêvé à mon frère, il m'a dit de ne me rappeler que des bons moments qu'on a eus ensemble. C'était avant Noël. Trois mois plus tard j'étais dans le même état. Et ce rêve s'est mis à me trotter dans la tête. J'ai essayé de ne plus penser qu'il était mort et je ne me rappelais que des bons souvenirs. Et petit à petit ma peine diminuait, mon labyrinthe s'effondrait. J'entrevoyais une sortie et j'ai pris conscience de mes enfants.

Lorsque j'ai pris conscience de tout ça, j'ai fait comme un meeting avec moi-même. Je me suis rappelée que de son vivant il me disait toujours de sourire, qu'il aimait rire et avoir du fun. Je ne veux pas manquer des choses avec mes enfants, et mon frère n'aimerait pas me voir comme ça...

Maintenant je réapprends à vivre sans lui. Ce n'est pas toujours facile, je pleure encore souvent. Il me manque énormément, mais je pense aux bons souvenirs. Oui il n'est plus là, oui je ne le verrai plus, mais il ne m'a pas laissée sans rien. Il m'a donné beaucoup de son vivant et la leçon que j'ai tirée de sa mort c'est que je vais vivre ma vie pour moi et mes enfants et pas comme les autres voudraient que je la vive. Car ce qui l'a tué c'est qu'il était indépendant, il voulait vivre à sa façon, mais il ne pouvait mettre de côté ce que les autres attendaient de lui.

À tous ceux et celles qui vivent un deuil, je vous dis de ne pas désespérer. On trouve son guide dans ces épreuves et pour moi c'est mon frère. Essayez de voir le positif et pas juste le négatif. Ce n'est facile, il me reste encore du chemin à faire pour atteindre la sortie du labyrinthe mais je me sens mieux.

Où que tu sois petit frère, j'espère que tu es fier de moi et je t'aimerai toujours.

Nini
Percé (Québec)

Le 14 janvier 1999...