Bonjour, il y a 6 mois...

Bonjour, il y a 6 mois, on m'annonçait que maman était atteinte d'un cancer du poumon avec des métastases cérébrales. J'ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Elle avait alors 52 ans et moi 27 ans, c'était trop jeune pour qu'elle parte et pour ne plus avoir de maman...

J'ai commencé à vouloir la protéger de tout, et notamment du pronostic... quelques mois m'avait-on dit... Je lui ai donné toute l'énergie que j'ai pu : rester jour et nuit avec elle à l'hôpital, m'occuper d'elle à la maison, toilette, habillage, aide à la marche, ça devenait de plus en plus difficile... surtout que j'habitais à 600 kilomètres... J'ai dû mettre de coté cette vie pour rester avec elle. Ce furent des mois de souffrances avec des dizaines d'allers-retours entre l'hôpital et la maison, des nuits sans sommeil à surveiller si elle respirait bien, à surveiller ses perfusions, à mettre le bassin, à faire à manger, à surveiller toujours et encore son comportement, ses douleurs, la conduite des soignants à son égard, à prendre des rendez-vous avec les médecins, être toujours déçue des résultats des scanners, craindre le pire chaque instant dès que le téléphone sonne jour et nuit...

Et, il y a une semaine elle est partie. J'ai entendu vibrer ce téléphone à 6 h 34 : « Mlle J... ? j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer : madame J... est décédée ce matin... » Ces mots résonnent encore dans ma tête... J'ai pris son plus bel ensemble, je me suis mise à le repasser, j'ai attendu devant cet hôpital que ma famille très peu présente jusque là daigne venir, j'avais deux heures avant que maman s'en aille à la chambre funéraire et les deux heures s'étaient écoulées... Je suis montée, j'ai vu que c'était son équipe soignante préférée, ils m'ont accueillie avec beaucoup d'importance, l'infirmière est restée discuter avec moi, m'a prise dans ses bras : « Elle est soulagée, elle ne souffre plus », je ne comprenais pas la signification de ces mots auparavant... La veille, ma mère hurlait de douleur, elle avait mal partout, la morphine la soulageait à peine...

J'ai vu les aides-soignants, ils m'ont accompagnée, ils m'ont donné la main... merci, merci pour ce moment où je me suis sentie soutenue par leur énergie, leur compassion, leur affection pour maman qui les faisait tant rire...

Elle était là, sans vie, j'attendais que sa respiration reprenne, son statisme me faisait me sentir mal... et après ça été la cavalcade, pompes funèbres, coups de fils, visites à la chambre funéraire, fleurs, toujours plus de fleurs... ma famille et les reproches, la colère et, à mon grand étonnement, le soulagement ??? qui ne me quitte pas depuis une semaine. J'ai honte de ne pas être effondrée, je n'arrive pas à pleurer, je bloque, je ne sais pas ce qui se passe j'ai peur d'être anormale...

Anonyme
(France)

C'est dans un grand moment de détresse...