Aujourd'hui, le 24 décembre, je suis seule...

Aujourd'hui, le 24 Décembre 1999, je suis seule. Seule dans ma tête et sans personne à qui parler et avec qui rire. Certains jours, tout va merveilleusement bien, je me dis que rien ne pourra plus me faire déprimer et d'un coup, tout change et je me retrouve désemparée et malheureuse. Noël se passera dans la déprime et la solitude.     Je pense à la mort différemment. Pour moi, il s'agit d'une délivrance et pour pouvoir justifier la fin, je crois qu'il faut atteindre un seuil de souffrance et d'épuisement moral, lequel je n'ai pas atteint ce jour. Je tente d'apprivoiser la mort et de m'en faire une alliée mais elle est là, intouchable. Elle ne me permet pas de l'approcher ou d'approcher Papa.

J'ai des projets plein la tête mais ce n'est que camoufflage. Le petit bout en train que je laisse paraître cache une jeune fille pleine de tristesse et de souvenirs. Souvenirs qui s'estompent au fil des ans. Un Noël passé avec Papa ? Impossible de se rappeler. J'ai beau chercher au plus profond de ma mémoire, je n'y retrouve rien. Des choses dont je me rappelais les moindres détails ont aujourd'hui disparu. J'ai peur de ne plus me rappeler de rien. Cela fait onze ans. Onze ans et déjà tant de choses disparues, oubliées. Je m'en veux. Comment ai-je pu oublier alors que je ne pense qu'à ça ? Il suffit que je sois heureuse pendant plusieurs mois pour que ma mémoire rejette mon passé.

Je n'ai pas d'avenir, je le sais. Mon futur, c'est de souffrir et de mourir. Ma fin, je la rêve proche, rapide, sans douleur ni horreur. Je ne veux pas qu'on pleure sur ma tombe. Au contraire, ma mort est ma délivrance, ma nouvelle naissance. Je ne sais pas s'il y a quelque chose après, si les portes du Paradis existent mais ce que je sais, c'est que la mort, c'est la tranquillité, la quiétude. Finies les crises d'angoisse et de pleurs. Si la mort n'est rien alors je préfère ne rien être dans la terre que de paraître sur terre.

Leslie
(France)

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