C’était ton anniversaire hier et, comme ces dernières 19 années, j’ai une pensée emplie de chagrin et de manque. Tu aurais eu 65 ans. À vrai dire, chaque moment de bonheur ne sera jamais pleinement satisfait parce que tu n’es pas là pour les vivre avec moi, chaque moment de malheur sera encore plus douloureux parce que tu n’es pas là pour me tenir dans tes bras et me rassurer comme tu le faisais quand j’avais un chagrin.
Cette chaleur qui exprimait un amour incommensurable, unique et sincère, je ne l’ai jamais plus ressentie. C’est avec les années que j’ai compris le pilier solide que tu étais pour nous, ton mari et tes enfants que tu as chéris plus que toi-même. Et je n’aurai jamais les mots suffisants pour te dire à quel point j’admire aujourd’hui la femme que, je suppose, tu as été. Une femme honnête, généreuse, sensible, sincère, réfléchie. C’est comme cela que je te vois.
Aujourd’hui maman, je suis une femme, j’ai 36 ans, et par moments la chanson de France de Gall me revient en tête et je fredonne au plus profond de moi même… "Si maman si, si maman si, maman si tu voyais ma vie…" Et je me dis que je ne serais jamais à la hauteur de ce que tu as été. Tout le monde t’aimais et j’ai ce souvenir qui me hante, à ton enterrement, ce monde… ce monde qui me faisait tourner la tête, qui m’a fait peur… Parce que ton départ devenait réel, dramatique à mes yeux.
Et je me suis écroulée, je te demande pardon Maman ne pas avoir été plus forte face à mon drame. Je te demande pardon d’être tombée dans les excès qui ont changé le courant de ma vie.
Maman tu avais une analyse tellement fine des situations et je pense que j’ai hérité de ce cadeau… ou ce poison ? de toi. Je me souviens encore lorsque tu me disais de faire attention à Papa, qu’il était dur et qu’il ne pardonnait pas ce qu’il estimait être mauvais. Tu avais raison.
Aujourd’hui tout ce que je regrette c’est que je t’ai perdue, toi mais Papa aussi. Toi tu es, et c’est mon souhait le plus cher, près de Dieu et Papa sur Terre, loin de moi, indifférent à chaque moment de bonheur ou de malheur de ma vie.
Que me reste–t–il ? Un mari non attentionné, et que j’aime malgré tout, une famille déchirée et la solitude. Une solitude profonde qui m’empêche d’être heureuse.
Voilà Maman, il fallait que je te l’écrive. Je t’aime, tu manques.
Ton île au trésor.
Lila
Stains (France)