Depuis quelque temps déjà, de plus en plus de gens demandent aux coopératives funéraires de prendre en charge l'ensemble du déroulement des funérailles. Auparavant, l'Église y jouait un rôle important, mais aujourd'hui, pour différentes raisons, il en est autrement. Devant les nouvelles attentes formulées, la Fédération des coopératives funéraires du Québec a décidé, il y a trois ans, de se pencher plus spécifiquement sur les répercussions de ce changement.
De cette préoccupation est né un comité de travail sur les rituels, composé de sept personnes dont l'expertise permet d'apporter une vision éclairée sur les transformations actuelles. De prime abord, ce qui a principalement retenu l'attention du comité se trouve du côté de la personnalisation des funérailles. Il y a actuellement un mouvement très fort vers le désir de faire des funérailles qui nous ramènent le plus près possible à la vie du défunt : son travail, ses loisirs, ses succès. Pour cette raison, il est fréquent que l'on retrouve des photos et des objets personnels du défunt lors de ses funérailles. Toutefois, au-delà de la personnalisation, demeure un besoin d'intégrer certains rituels significatifs ou qui font appel au « sacré » afin de puiser au niveau spirituel la force nécessaire pour accepter l'épreuve.
Alors que dans la religion catholique, le fait de sonner le glas annonce publiquement la mort d'un concitoyen, la personne qui rejette les rites religieux doit pouvoir trouver un nouveau mode de communication qui correspond aux valeurs d'aujourd'hui; tâche qui n'est pas toujours facile quand on veut que le message soit compris de tous et quand on refuse de se tourner vers des rituels de pacotille.
Mais comment faire pour identifier ce qui interpelle les uns et rebute les autres. Certains peuvent trouver quétaine le fait d'allumer une chandelle à la mémoire d'un être cher, alors que d'autres y voient une lumière pour éclairer le chemin du disparu. Quels types de rituels devrait-on développer pour apaiser le cœur des endeuillés ou leur permettre d'amorcer le travail de deuil qui s'impose ?
Il va de soi que la réponse demeure avant tout dans l'écoute. Cependant, l'endeuillé n'est pas toujours conscient du rôle des rituels funéraires, et c'est là qu'entre en scène le conseiller aux familles. C'est à partir de sa propre compréhension des rituels qu'il accompagnera la famille en deuil dans le choix des funérailles. Et c'est par le lien qu'il saura créer avec cette même famille qu'il pourra les aider à trouver ce qui, pour eux, a du sens. C'est-à-dire trouver ce qui aura la capacité de les rejoindre émotivement et spirituellement à chaque étape des funérailles par une approche significative. D'où l'importance de bien outiller le personnel qui intervient auprès des endeuillés, afin qu'il puisse faire en sorte que les commentaires du genre « Si j'avais su, j'aurais fait ça autrement » puissent être évités.
Les valeurs humaines des coopératives funéraires sont déjà au coeur de leurs actions. Cependant, nous sommes conscients que la période de changement actuelle nécessite certains ajustements dans la pratique courante. C'est pourquoi le comité se penche actuellement sur l'élaboration d'un programme de formation.
Puisque le rite repose sur un langage sacré qui n'est pas celui du quotidien1 , il exige qu'on s'y attarde avec le plus grand sérieux. En favorisant une réflexion sur les fonctions du rituel entourant un décès et en offrant une formation adéquate au personnel en place, les coopératives funéraires se dotent de ressources pouvant leur permettre de mieux comprendre le processus de deuil et, ainsi, de mieux accompagner la personne endeuillée dans l'épreuve qu'elle traverse.
Des initiatives à souligner
Déjà, de très belles initiatives ont été mises en place au sein de certaines coopératives. Lorsqu'il s'agit d'un deuil d'enfant, par exemple, la Coopérative des Deux Rives offre un petit ourson aux parents endeuillés, dans lequel une conseillère a pris soin d'y insérer une petite « âme de courage » en forme d'ange. Ce simple geste permet à la famille de se sentir soutenue et peut apporter une dose de courage supplémentaire en des moments d'intense chagrin. La Coopérative de la Rive-Sud, quant à elle, apporte une touche particulière dans le cas d'un décès à domicile : une fleur est déposée sur le lit du défunt lors de son départ pour la coopérative funéraire. La famille endeuillée, pour qui ce moment en est un de déchirement, retrouve dans cette délicate attention une marque de sympathie qui va droit au cœur.
Voilà des petits gestes qui en disent beaucoup sur la direction qu'entend emprunter le mouvement des coopératives funéraires.
Par Maryse Dubé
Octobre 2007
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- Jean-Claude CRIVELLI, porte-parole du Centre romand de liturgie catholique, tiré du livre de Chantal Dauray, « Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels ! », les Éditions internationales Alain Stanké, p. 26.