À l'occasion de l'Année internationale des coopératives, nous avons demandé à des coopérateurs et coopératrices de toutes les régions du Québec de nous parler de leur vision de la coopération. Qu'ils soient administrateurs, employés ou membres, tous ont en commun de partager les valeurs et les principes des coopératives.
Partager des valeurs humanistes
Je suis membre de plusieurs coopératives parce que ça répond à des valeurs que je dirais « humanistes ». Dès que je vois qu'un service dont j'ai besoin peut m'être offert via une coopérative, je suis heureux d'en devenir membre. Le modèle coopératif me plaît par sa dimension plus humaine, moins mercantile. J'y retrouve une communauté de gens qui partagent les mêmes valeurs que moi, ce qui est à la fois rassurant et inspirant. Pour moi, être humain, c'est quitter les rapports de forces entre celui qui domine et celui qui est dominé, pour plutôt choisir d'apprendre à partager ses connaissances, son savoir, ses ressources et ses talents sur une base d'égalité. C'est ce que j'aspire retrouver dans un modèle coopératif.
Stéphane Crête, comédien
Membre de la Coopérative funéraire de l'Île de Montréal
Être actif dans sa collectivité
Au départ, les gens deviennent membres d'une coopérative pour économiser. Effectivement, l'un des objectifs premiers d'une caisse populaire, d'une coopérative d'habitation ou d'une coopérative funéraire est d'ordre économique. Cependant, à l'opposé d'une mentalité capitaliste, qui cherche le profit des propriétaires ou des investisseurs, le mouvement coopératif vise le pouvoir accru d'achat de tous ses membres.
Or, d'après notre expérience, les coopérants bénévoles se rendent très bientôt compte que par leur participation, ils développent des habiletés particulières. Tout en collaborant, ils acquièrent des compétences comme caissières, menuisiers, préposés aux achats, responsables d'un comité de ménage ou comme membres élus du conseil d'administration. Ils apprennent à négocier une hypothèque ou à faire de la comptabilité, en un mot, à gérer leur propre bien, celui de leur coopérative et celui de la communauté.
Ils sortent donc de leur isolement, apprennent à se connaître entre eux et à confronter leurs idées avec celles des autres. Ils acquièrent le sens de la responsabilité individuelle et sociale. Leur esprit de solidarité débordera bientôt les limites de leur coopérative et ainsi, ils seront en mesure de jouer un rôle plus actif dans leur collectivité.
Esther Labelle et Éric Volant
Fondateurs de l'Encyclopédie sur la mort
Membres de la Coopérative funéraire de St-Hyacinthe
Décider de notre avenir
Dès mon tout jeune âge, je suis tombé dans la sauce de la coopération. Elle devait être bonne, car encore aujourd'hui, c'est l'une des meilleures sauces pour le développement économique et social. Pendant presque toute sa vie de travailleur, mon père a été membre d'une coopérative forestière. Il en était fier et croyait au potentiel de sa coopérative. C'est donc par ce témoignage paternel que j'ai adhéré aux valeurs coopératives. Je crois que nous pouvons être des acteurs et des décideurs de notre devenir, avec pour toile de fond le respect des personnes, la redistribution de la richesse et la propriété locale.
Il est important que la personne humaine demeure au centre de nos préoccupations et non seulement le profit à tout prix. Dans un monde où la mondialisation nous dépouille doucement de nos fleurons entrepreneuriaux d'ici pour laisser place à des organisations qui traitent les personnes comme des codes-barres, où le profit et la productivité à moindre coût sont la règle, la coopération est primordiale. De plus, c'est un modèle économique rentable qui nous permet d'être maîtres d'œuvre de notre destin.
Pour ces raisons, je continue mon implication dans la coopération, car c'est une voie qui offre la possibilité de sensibiliser nos membres sur notre responsabilité comme citoyen du monde, à bâtir une société juste et équitable pour tous et toutes.
Frédéric Plourde, agent de pastorale
Administrateur à la Coopérative funéraire de Chicoutimi
(Alliance funéraire du Royaume)
Conserver notre patrimoine
Je viens de la campagne, je suis né sur une ferme. La coopération par chez nous, tout le monde connaît ça. Avec les corvées de toutes sortes, la fibre coopérative a toujours été très présente. Ma mère siégeait au conseil d'administration de la Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal. C'est elle qui m'a demandé de prendre la relève il y a 17 ans.
Dans les débuts de la coopérative, les lieux étaient modestes. Ceux qui étaient plus en moyen n'utilisaient pas nos services, car nous n'avions rien à leur offrir. Aujourd'hui, c'est différent. Sans renier nos origines, nous pouvons nous féliciter de tout le chemin parcouru. Un peu comme les fromageries québécoises, qui n'ont rien à envier au fromage d'outre-mer, les coopératives funéraires ont un petit goût de revenez-y. Et je n'ai pas peur de dire que ce goût est meilleur, au fur et à mesure qu'on avance.
Mon petit côté patriotique m'amène aussi à encourager le monde d'ici plutôt que des intérêts étrangers. On est suffisamment nombreux pour changer les choses. Sans oublier la force du regroupement qui est toujours bien utile pour conserver notre patrimoine et notre pouvoir d'achat.
Gérard Ouellet
Administrateur de la Coopérative funéraire
de la Rive-Sud de Montréal
Travailler pour un monde meilleur
Mes parents mettaient en pratique cette valeur qu'est l'altruisme en s'impliquant au sein de coopératives. Ils ont guidé ainsi leurs dix enfants par leurs actions et m'ont grandement influencé.
Dans les années 70, je travaillais pour une multinationale qui ne tenait pas compte de ceux qui travaillaient pour eux. Après neuf ans, je suis allé vers Comax, une coopérative agricole : leur philosophie d'entreprise me rejoignait plus. J'y suis resté jusqu'à ma retraite. Aujourd'hui, je suis consultant pour la Coop fédérée. Je donne, entre autres, de la formation dans le cadre de l'Académie La Coop. Le volet formation, que l'on retrouve également dans les coopératives funéraires du Québec, est selon moi une responsabilité importante des coopératives.
Si on regarde par exemple dans le milieu agricole, la relève n'est pas toujours évidente. Les enfants qui souhaitent reprendre la ferme de leurs parents ont besoin de soutien. Et nous sommes là pour les accompagner par l'entremise de la formation offerte. Ils peuvent ainsi actualiser leurs compétences et en développer de nouvelles, pour éventuellement s'ajuster aux changements du marché. C'est ce que j'appelle Travailler pour un monde meilleur : thème par excellence du sommet international des coopératives.
Gilles Cardinal
Président de la Coopérative funéraire Maska
Faire passer l'humain avant l'argent
Pour moi, le monde de la coopération a été au départ un accident de parcours. On était en 1965, j'avais 23 ans et je travaillais comme contrôleur dans une entreprise privée. À un moment donné, on m'a approché pour un poste de gérant à temps partiel à la caisse populaire de St-Eugène. Un an plus tard, on me proposait un poste à temps plein. J'étais le seul employé à la Caisse et je devais fermer le midi pour aller dîner. C'est dire combien c'était petit : 275 sociétaires, un actif de 100 000 $. Mais j'aimais ce côté humain que j'avais avec les gens.
Je me rappelle, dans les années 80, quand les taux d'intérêt hypothécaires ont monté à 22 %, plusieurs perdaient leur maison. On était en droit de les reprendre, de les vendre et de garder les profits. Un de nos membres, qui n'arrivait plus à respecter ses échéanciers, nous a remis sa maison sans même essayer d'en tirer quelque chose. Il était désespéré. Je m'en suis donc chargé, et je suis allé lui remettre un chèque de 22 000 $, qui correspondait à ce qu'il avait payé sur son hypothèque. Il en pleurait.
Voyez-vous, c'est ça pour moi la coopération : faire passer l'humain avant l'argent. Encore aujourd'hui, on m'arrête dans la rue pour me remercier. Les gens se rappellent qu'un jour la Caisse populaire leur a fait confiance et qu'elle les a aidés à repartir sur le bon pied. Et ça, dans une société, ça rapporte plus que n'importe quoi.
Gilles Kelly
Président de la Coopérative funéraire de La Capitale
Favoriser le développement durable
Membre Desjardins depuis l'âge de 4 ans, je fus conscientisé à la Coopération par la Caisse scolaire de Guigues, ma paroisse. Dans les années 60, Desjardins fut le premier à nous fournir un trophée pour le hockey... ce qui fut très apprécié pour l'époque.
La coopération est pour moi un mode de vie nécessaire, surtout en région, afin de régulariser les services à une population captive de monopoles privés, qui fournissent des services dans des domaines nécessaires à tous.
Je suis membre de la Coopérative funéraire de l'Abitibi-Témiscamingue depuis ses débuts, en 1974, et j'en suis le président depuis 1996. Nous avons servi de catalyseur pour régulariser les coûts des services funéraires. De plus, nous avons été les premiers à faire nos incinérations en région, et le développement durable est devenu notre marque de commerce.
La fierté est ma devise en coopération, ce à quoi je mets toutes mes énergies à transmettre. Coopérateur un jour... coopérateur toujours!
Gilles Marseille
Président de la Coopérative funéraire de l'Abitibi-Témiscamingue
Accompagner avant, pendant et après un décès
On dit de moi que je suis tombée dans la potion de la coopération étant jeune. Mais ce n'est que récemment que j'ai découvert les coopératives funéraires et leurs particularités. Il faut dire que mon premier contact avec l'industrie funéraire a gravé un sentiment amer dans ma mémoire. À la suite du décès de mon père – qui était la personne la plus significative dans ma vie –, nous avons eu à interagir avec des fournisseurs. J'ai eu le sentiment qu'on avait utilisé notre souffrance et notre ignorance pour maximiser notre consommation de produits.
Peu après, j'ai eu le privilège d'échanger avec les responsables du programme de formation La Symphonie offert aux coopératives membres du réseau, par la Fédération des coopératives funéraires du Québec. Quel bonheur de découvrir que des entreprises funéraires souhaitaient se démarquer par leur accompagnement des personnes endeuillées avant, pendant et après un décès! J'aurais tellement aimé bénéficier de ces services; de cet accompagnement alors que j'étais endeuillée et isolée.
Comme administratrice, j'ai donc pris l'engagement de promouvoir nos façons de faire coopératives et distinctives et de soutenir, dans la mesure de mes capacités, les personnes que je connais touchées par un deuil. La mort fait partie de nos vies. Je sais que ma coopérative peut nous aider à l'apprivoiser sereinement et à passer à travers les épreuves. C'est une conviction profonde et un engagement sincère à le diffuser largement.
Isabelle Saint-Pierre
Administratrice de la Coopérative funéraire des Deux Rives
Planifier à long terme
J'ai toujours pensé qu'il était important d'avoir une vision à long terme des choses si on veut développer des projets durables qui répondront aux besoins d'un grand nombre de personnes.
J'ai vite constaté que cette vision est plus facile à développer dans le milieu coopératif. Par exemple, dans le marché immobilier, les coopératives d'habitation ne sont pas créées pour être vendues. Elles sont là pour durer, à l'abri de la spéculation. Ceux qui y habitent utilisent leurs compétences pour administrer la coopérative et accomplir des tâches, ce qui donne de très bons résultats.
Dans les années 80, j'ai travaillé à fonder une coopérative d'habitation avec une dizaine d'autres jeunes diplômés en histoire. J'y ai habité pendant 10 ans. C'est pour moi le monde idéal : une association de personnes qui se prennent en main afin de contrôler leur milieu de vie, s'entraider et se doter de ressources directement liées aux résidents. Chacun peut y développer son potentiel relationnel et manuel.
Je retrouve cette même logique et ce même système de valeurs à ma coopérative funéraire. Même si le lien d'usage n'est pas le même que dans l'habitation, elle vise à répondre durablement aux besoins de ses membres, sans avoir l'objectif d'augmenter la richesse d'une seule personne.
Jacques Côté
Président de la Confédération québécoise des coopératives d'habitation
Membre de la Coopérative funéraire de l'Estrie
Contribuer à un monde meilleur
La coopération me passionne. Je suis convaincu que les coopératives contribuent à l'avènement d'un monde meilleur. Je rêve que cette Année internationale des coopératives soit l'occasion de les faire mieux connaître.
Je suis très fier d'avoir été élu par l'assemblée générale pour devenir administrateur de ma coopérative funéraire. Ce type de coopérative est particulièrement bien adapté pour démontrer la valeur de la coopération. Nous rendons des services brefs et intenses dans un cadre chargé d'émotion. Ce sont les humains qui nous intéressent. Pour ce moment où tout le monde finit par passer, quel bonheur de savoir que la coopérative funéraire n'est pas là pour faire des profits, mais seulement pour satisfaire les besoins de ses membres!
Elle est une entreprise coopérative qui évolue dans un marché avec l'obligation d'être performante au niveau économique. Cela se traduit notamment par la qualité élevée des services offerts. Cependant, notre fierté n'est pas liée à notre rentabilité, mais par la satisfaction des familles que nous avons aidées à traverser un moment difficile. C'est une contribution importante pour faire rayonner la coopération.
Jocelyn Lessard
Directeur général de la Fédération québécoise des coopératives forestières
Administrateur de la Coopérative funéraire des Deux Rives
S'entraider dans l'épreuve
Il y a 14 ans, ma femme et moi avons mis sur pied La Gentiane, un site d'entraide pour personnes endeuillées. Nous étions convaincus que l'entraide était un soutien important pour ceux et celles qui vivaient la perte d'un être cher. Avec le temps, la fréquentation et les besoins des internautes ont augmenté. Notre bénévolat ne suffisait plus, La Gentiane était menacée. Nous nous sommes tournés vers la Fédération des coopératives funéraires du Québec pour avoir l'appui nécessaire au maintien des activités du site. Par leurs valeurs humaines de solidarité et par leur souci de ne pas exploiter la souffrance liée au deuil, c'est le réseau des coopératives funéraires qui convenait plus à notre philosophie de vie.
Aujourd'hui, La Gentiane est partie intégrante des services offerts par les coopératives membres de la Fédération. Bien qu'il soit virtuel, le réseau que cette association a permis de maintenir favorise une entraide bien réelle, à la fois riche, vivante et stimulante, partout dans le monde francophone. C'est sans doute ce qui me fait dire que l'entraide et la coopération sont deux mots qui se marient pour le meilleur... et pour l'avenir!
Michel Leclerc
Collaborateur à la FCFQ
Membre de la Coopérative funéraire des Deux Rives
Promouvoir une société équitable
Pour moi, la coopération, ça date de tellement loin... Je demeurais à Dorval, qui était alors un village de 2000 personnes, et on parlait d'ouvrir une Caisse populaire plutôt qu'une banque. En plus de nous appartenir, je me suis aperçu que la ristourne offerte par les Caisses attirait le monde. J'avais 18 ans. Au fil du temps, j'ai réalisé que personne ne pouvait vraiment dire en quoi consistait l'idéal coopératif, je me suis donc investi à temps plein, lors de ma retraite, pour en faire la promotion par différents engagements.
Je dirais que le premier idéal d'une coopérative, c'est de travailler sur une société équitable, où chacun a droit d'avoir accès aux éléments nécessaires à son plein épanouissement, sans subir de discrimination. Le deuxième idéal implique, quant à lui, le développement d'une société conviviale, où il fait bon vivre ensemble, un peu comme lorsqu'on se retrouve autour d'un bon repas, entouré d'amis chers.
Quand on regarde de près les principes coopératifs, on réalise que 6 des 7 principes se soucient de la dimension humaine et du développement des individus. Une seule aborde l'aspect financier. Le coopératisme est un humanisme inconnu. Encore aujourd'hui, on associe trop souvent les coopératives aux gens pauvres, alors qu'elles sont riches de valeurs indispensables à la construction d'une société nouvelle.
Michel Marengo
Président de la Fédération des coopératives funéraires du Québec (1993-2002)
Membre de la Coopérative funéraire de l'Estrie
S'approprier des moyens d'agir
Ma devise : Coopérer. Mais pourquoi coopérer? Pour agir, travailler, contribuer, participer, œuvrer et accomplir. Ces verbes résument parfois toute une vie. Ils incitent à l'action et à la réalisation.
J'ai eu l'opportunité un jour de surprendre mon entourage en acceptant le poste de directrice générale de la Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal. Une décision qui m'a personnellement enrichie, car cette expérience a réuni l'ensemble de mes croyances et a ainsi confirmé le caractère de ma spiritualité.
De plus, ce qui m'a fascinée dans mes tâches de gestionnaire de cette organisation, c'est le devoir pédagogique de promouvoir, par le biais de sa mission, les valeurs du mouvement coopératif.
C'est donc avec énergie que j'ai transmis ces valeurs de partage, d'entraide et de solidarité aux employés qui, à leur tour, ont adhéré et intégré ces idéaux afin de poursuivre la formation d'une nouvelle chaîne humaine de coopérants, membres de la Coopérative.
Puis, c'est avec un regard inquiet sur la situation économique des dernières années que je crois fermement que la qualité de l'avenir de nos économies locale, nationale et internationale dépendra de notre capacité à s'approprier de véritables moyens d'action pour faire œuvre humanitaire, c'est-à-dire COOPÉRER.
Monique Brisson
Conseillère municipale à la Ville de Longueuil
Membre de la Coopérative funéraire de la Rive-Sud
Offrir une écoute attentive
Avant même mon entrée à l'école primaire, je possédais déjà mon propre compte d'épargne avec opérations à ma caisse populaire, puis la caisse scolaire et l'épargne systématique. Voici comment a débuté mon initiation à la coopération. Qui aurait dit que cela allait être le prélude à une carrière de 27 ans à la Fédération des caisses populaires Desjardins? En effet, la coopération a toujours été pour moi un mode de vie puisqu'en parallèle à mon emploi chez Desjardins, j'occupais un poste de directeur de funérailles, sur appel, à la Coopérative funéraire du Bas-St-Laurent.
Maintenant préretraité de Desjardins, j'occupe un poste à temps plein comme conseiller aux familles et directeur de funérailles. Dans mon quotidien, je m'inspire de trois grandes valeurs qui me guident dans mon travail, telles que l'honnêteté, l'égalité et l'équité. En ayant celles-ci en tête, je ne peux que satisfaire nos familles endeuillées avec dignité, tout en respectant les besoins de chacun.
Nous recevons des mots et des gestes de reconnaissances de nos familles, et j'aime mentionner qu'elles m'apportent autant que ce que moi je peux leur apporter. Il suffit parfois de bien peu de choses, une écoute attentive, des gestes de compréhension et surtout une approche humaine. J'adore mon travail et les valeurs de la coopération y sont pour beaucoup.
Richard Dumont, conseiller aux familles et directeur de funérailles
Coopérative funéraire du Bas-St-Laurent
Répondre aux aspirations de tous
Dans mon village natal, La Rédemption, quand j'avais entre 2 et 10 ans, ma famille et moi vivions dans un logement au-dessus de la coopérative agricole et de la caisse populaire de ma communauté. À cette époque, mon père et deux de mes oncles ont travaillé au sein de ces coopératives; ces personnes ont assurément influencé mon orientation coopérative.
Vers l'âge de 15 ans, quand j'ai décidé que je travaillerais plus tard en coopération internationale, mon intention était déjà d'aider à mettre sur pied ou à renforcer des coopératives dans des pays en développement, car j'étais convaincu que les coopératives sont un excellent outil pour contribuer au développement économique des populations les plus démunies. Se mettre à plusieurs pour avoir accès à un service qu'une personne seule ne peut se payer, je trouvais cela logique et très brillant.
J'adhère à 100 % aux valeurs et aux principes coopératifs et je crois tout particulièrement en la double identité coopérative : d'un côté une entreprise qui doit être aussi, sinon plus performante que les autres entreprises traditionnelles et de l'autre une association de personnes qui répond aux besoins de ses membres et dont la gouvernance doit être exemplaire.
J'aimerais en cette Année internationale des coopératives que nous réussissions ensemble à convaincre la population en générale, nos gouvernements et des financeurs de partout sur la planète, qu'il faut mettre sur pied de plus en plus de coopératives dans tous les pays, afin de répondre aux aspirations et aux besoins légitimes de tous.
Réjean Lantagne, directeur général de SOCODEVI
Membre de la Coopérative funéraire des Deux Rives
Travailler en équipe
Qu'est-ce qui m'a attiré dans le modèle coopératif? Au cours de mes études en économie à l'Université de Sherbrooke, j'ai eu l'opportunité d'étudier les fondements théoriques de la coopération avec ses premiers penseurs, Fourier, Proudhon et bien sûr Rober Owen. J'ai eu la chance d'avoir comme professeur, François-Albert Angers, un des grands penseurs de l'économie de la coopération et auteur de « La coopération. De la réalité à la théorie économique ».
Dans mon cas, ce fut de la théorie à la réalité. De la nécessité d'avoir un logement digne de ce nom à mon arrivée dans l'Outaouais au début des années 80 vint le début de plus de 30 ans d'implication dans le mouvement coopératif aux échelles locale, régionale, québécoise, canadienne et internationale.
Venant d'une famille modeste de sept enfants, j'ai eu à apprendre rapidement les valeurs de partage, d'entraide et de débrouillardise (aide-toi toi-même). Fervent pratiquant des sports d'équipe, hockey, football, volleyball et autres, j'ai compris bien vite l'importance de travailler en équipe. Et c'est ce que j'ai retrouvé dans mon implication dans les coopératives d'habitation et funéraire : la prise en charge, la solidarité, la démocratie et l'altruisme. C'était bien les valeurs que je connaissais et avec lesquelles je me sentais bien. Que dire d'autre sinon que j'ai bien l'intention de continuer à les défendre jusqu'à ce que ma famille ait besoin de ma coopérative funéraire pour moi-même.
Réjean Laflamme, vice-président de la Coopérative funéraire Brunet
Président de la Fédération des coopératives funéraires du Québec
Mieux vivre ensemble
C'est connu : selon l'opinion de la majorité, la démocratie est le meilleur système socioéconomique. Puisqu'elle fait en sorte de favoriser la participation citoyenne et d'assurer que des minorités cessent de dominer la majorité tant sur le plan politique, économique que social. La démocratie est porteuse de valeurs de liberté, d'égalité, de solidarité et de fraternité.
Or, la démocratie et sa règle bien connue une personne=un vote est contredite par la règle une action=un vote des entreprises du régime néolibéral. Or, lorsque c'est le capital qui vote au lieu de l'individu, ce système ne favorise guère la participation citoyenne. Au contraire, il invite à l'individualisme.
Par contre, l'ADN des coopératives, ce sont les valeurs démocratiques. Des valeurs qui conduisent à la responsabilité citoyenne et au mieux-vivre ensemble. J'aime la démocratie et le « Un pour tous, tous pour un. » C'est pourquoi j'aime les coopératives. Et c'est pourquoi je suis membre de coopératives depuis plus de 50 ans!
Claude Béland, président de Desjardins de 1987 à 2000
Membre de la Coopérative funéraire de l'île de Montréal
Mettre en commun les actes du cœur
Depuis longtemps, je considère qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour résoudre un problème que de le partager. Si, du choc des idées jaillit la lumière, il en est ainsi de la mise en commun des actes du cœur.
Formée en psychologie et en théologie, je suis conseillère aux familles à la Coopérative funéraire de Coaticook. De plus, j'anime depuis 2004 des groupes d'entraide pour les personnes endeuillées. Baptisée « La Traversée », cette activité correspond parfaitement aux valeurs que l'on promeut dans notre entreprise : une approche humaine qui privilégie le respect et la sensibilité face aux besoins et aux différences de chacun.
Je suis très soucieuse d'aider les familles à trouver des rituels significatifs, afin que notre clientèle puisse évoluer le mieux possible dans son processus de deuil.
Ce travail me ressemble, il contribue à mon épanouissement personnel et me permet également d'approfondir le sens profond de la coopération. C'est une nourriture intérieure qui fait en sorte que je peux offrir le meilleur de moi-même, lorsque j'accompagne les familles dans la préparation et l'organisation des funérailles.
Jacinthe Fecteau, directrice des services aux familles
Coopérative funéraire de Coaticook
Privilégier l'achat local
Dès mon plus jeune âge, j'ai été influencée par le monde coopératif. Mes parents étaient impliqués dans le Mouvement Desjardins, ils ont participé à la mise sur pied d'une coopérative de loisir et ont participé aux débuts de la Coopérative funéraire de l'Outaouais. J'ai donc eu très tôt mon premier carnet scolaire d'épargne de la caisse populaire.
Depuis, j'ai pu en apprécier tout le sens : j'ai vu les bénéfices que les membres pouvaient en retirer, entre autres par des prix plus avantageux ou très compétitifs.
J'ai vu les gens exercer leur droit de vote en faisant élire des conseils d'administration œuvrant pour les intérêts des membres, au lieu de faire profiter des actionnaires motivés par l'appât du gain.
J'ai vu le choix que les coopératives faisaient de privilégier des achats locaux afin d'en faire bénéficier toute une communauté plus élargie.
Et surtout, j'ai vu l'implication sociale et communautaire que cela engendre : des bénévoles actifs, des causes qui viennent en aide aux plus démunis. Et comme mon père le dit si souvent : « C'est à nous, servons-nous-en! »
Johanne Benoît, directrice générale adjointe
Coopérative funéraire de l'Outaouais
Créer de la véritable richesse
La question du développement de nos communautés a toujours été un mystère pour moi. Pourquoi les personnes de certaines communautés réussissent mieux à répondre à leurs besoins et à leurs aspirations que d'autres? J'ai alors pris conscience d'une très grande force de chez nous : la coopérative. J'ai donc étudié ce modèle et je m'y suis impliqué. J'y découvre encore aujourd'hui que l'équilibre des valeurs coopératives en est la force. Pas juste la démocratie, la liberté, l'égalité, la solidarité, la prise en charge ou l'équité, mais un constant équilibre entre celles-ci. C'est souvent ce qui manque aux communautés qui réussissent moins bien : beaucoup d'égalité, mais sans équilibre avec l'équité ou la solidarité; beaucoup de liberté, mais sans équilibre avec la prise en charge ou la démocratie, etc.
La coopérative est un processus, et non une destination. Elle est en constante évolution avec de nécessaires périodes de discussions et de changements qui nous mènent à améliorer nos vies. Ainsi, à partir de ces valeurs, la coopérative nous apprend à créer de la véritable richesse sans que celle-ci soit réalisée sur le dos de nos voisins, de nos écosystèmes et des générations futures. Une belle et constante révolution.
Michel Lafleur, directeur de l'Institut de recherche
et d'enseignement sur les coopératives de l'Université de Sherbrooke
Président de la Coopérative funéraire de l'Estrie