Les rituels funéraires d’hier à aujourd’hui

C’est dans un grand état de fragilité que les survivants doivent s’occuper des rites qui entourent un décès. Il n’est pas facile de prendre des décisions éclairées lorsque le cœur est souffrant. Comment choisir les cérémonies appropriées ? Quel type d’obsèques convient le mieux ? Devra-t-on exposer la dépouille au salon funéraire ? Il y a tant de questions à traiter en si peu de temps.

Le besoin de ritualiser la mort a une longue histoire. Les funérailles font partie des plus anciens rites répertoriés par les archéologues. On a trouvé des traces de sépultures rituelles sur le site de Skhül au Proche-Orient qui ont plus de 100 000 ans. La manière de disposer de la personne décédée constitue la base des rites funéraires. Le cadavre devait être considéré avec respect jusqu’à sa mise en terre ou son incinération.

Lorsque nous observons les rites funéraires sur un très long terme, nous constatons que nous reproduisons, à quelques nuances près, les mêmes opérations rituelles que nos ancêtres : veille du défunt, prières pour son salut, annonce du décès, expressions d’affliction, hommages, soins de sa dépouille, sépulture, procession, inhumation ou incinération, repas communautaire, etc. Les convictions du défunt et des survivants influencent également le déroulement.

À chacun ses rites

Selon les situations sociales et le statut du défunt, certaines de ces opérations peuvent être plus ou moins élaborées. Les pyramides d’Égypte témoignaient du faste du rite funéraire pour les pharaons considérés comme les égaux des dieux. Nos rites funéraires n’ont pas besoin de tant de pompe et d’apparat. Certes, toute personne décédée mérite des obsèques. C’est un trait de notre commune humanité. Toutefois, le niveau de raffinement du rite funéraire varie avec les circonstances, les convictions et les personnes touchées.

On a longtemps pensé que les rites présentaient des comportements figés, contraignants et parfois vides de sens. À l’intérieur d’un rituel, en fait, plusieurs aménagements sont possibles. Il apparaît important d’indiquer cette liberté que nous pouvons prendre à l’égard des rituels; cela montre qu’ils demeurent très flexibles.

Dans une situation de décès, nous utilisons des paroles, des actions, des gestes et des expressions émotives qui communiquent des significations connues de tous. Certaines de ces significations ont une valeur hautement symbolique, c’est-à-dire qu’elles évoquent le mystère, la transcendance et le sacré.

D’autres ont une valeur moins complexe, mais pas moins efficace, comme la poignée de main aux endeuillés en leur disant « mes sympathies ». Cette formule rituelle n’est pas obligatoire — chacun est libre d’en utiliser une autre — mais elle se suffit à elle-même. En fait, elle nomme une grappe de sentiments difficiles à dire.

Denis Jeffrey, professeur titulaire
Faculté des sciences de l'éducation, Université Laval, Québec

Le deuil au masculin