Un rituel réussi favorise l’union de l’être avec lui-même et les autres. C’est également un événement qui réunit notre cœur et notre tête. Dans un moment de grâce, un alignement a lieu, une connexion au centre de soi, une union entre le conscient et l’inconscient se manifeste et donne sens aux gestes accomplis et aux paroles prononcées.
La société québécoise, jusqu’à quelques décennies, fournissait un code de comportements dans les rites de passage. On nous transmettait une manière de fonctionner avec des symboles, des paroles, une méthode pour vivre le rite de la mort dictée par la religion et la foi.
Ce n’est plus le cas de nos jours : il n’y a plus d’homogénéité dans notre manière de vivre la mort. Chacun s’invente une façon de faire selon son rang social, ses croyances ou son rapport aux traditions. Ce phénomène oblige les familles à s’investir davantage dans la préparation des funérailles. On choisit des textes significatifs, de la musique et des chants qu’aimait le défunt. Les proches élaborent une façon de représenter la personne morte, ses passions, ses amours.
Un nouveau sens du sacré
Pour plusieurs, la prière s’est transformée en visualisation ou en méditation. Afin de renommer le sacré, sans renier sa foi, certains ont regardé du côté des autres croyances. Mais que l’on soit hindous, athées, chrétiens, agnostiques, humanistes religieux ou pas, un rituel a quelque chose de sacré. Que l’on croie à une vie après la mort ou pas, le recueillement est nécessaire.
Lorsque l’on se recueille, on s’accueille, soi d’abord. Dans le silence de notre cœur, nous avons accès à ce lieu, qui n’en est pas un, à ce temps non historique, à cet espace sacré où tous les esprits se rejoignent. Alors il n’y a plus de mur entre moi et l’autre. Ce qui compte le plus dans un rite de passage, c’est le lien ressenti en nous et entre nous. Une forme de communion s’installe ainsi dans la communauté.
Le noyau de l’homme est ce qui, en lui, dépasse sa nature. C’est-à-dire ce qui va au-delà de sa personnalité. Dans un rituel, ce contact avec ce côté spirituel de l’être serait favorisé. Ce sont des moments privilégiés pendant lesquels les dualités s’estompent. Les symboles, la musique nous aident à entrer dans cette dimension, en communion avec l’esprit de ceux qui nous ont quittés.