Le deuil et le sida

Perdre un être cher est toujours une étape cruciale dans la vie d'un être humain. La mort provoque une rupture cruelle et définitive ; guérir d'une telle blessure est un travail exigeant pour tout endeuillé. Revivre après la perte demande du courage, mais aussi du support et de l'écoute de la part de l'entourage. Bien que sa douleur soit pénible, il arrive qu'une personne en deuil d'un sidéen reçoive peu de réconfort de la part de ses proches. Plusieurs raisons influencent ce manque de considération.

Le malaise d'une société

Pour certaines personnes, le sida est une maladie honteuse, un châtiment de Dieu. On reproche parfois aux sidatiques et à leur entourage d'exposer la population à la contagion. Les idées préconçues sont encore courantes et nombreuses sont les personnes qui croient que le sida se propage par un baiser ou par une poignée de main.

Pour l'endeuillé qui a perdu un ami, un parent, ou un enfant des suites du sida, ces préjugés ne favorisent en rien le bon déroulement du deuil. Au contraire, il pourrait arriver que ces endeuillés s'isolent, prisonniers de l'idée que les gens ont d'eux, soit des êtres contagieux, dangereux.

Les homosexuels sont grandement touchés par le fléau du sida. Plusieurs de ces hommes y perdent leur conjoint et se retrouvent avec un deuil difficile à vivre. D'autant plus difficile qu'ils doivent parfois faire face à la non-considération, voire au rejet. Lorsque la mort survient, il arrive que la famille du défunt nie la relation qu'entretenaient ces deux êtres.

Afin de vivre sainement leur deuil, les personnes ayant perdu un proche des suites du sida ont besoin d'être reconnues comme des êtres qui souffrent. Les endeuillés du sida, comme tous les autres, ont besoin de pleurer, de parler, de crier... Ils ont besoin d'être écoutés et soutenus. Car un deuil est tellement plus difficile à traverser dans le silence et dans la honte.

Briser la loi du silence

Pour tous ces gens qui vivent l'expérience douloureuse de la perte d'un proche des suites du sida, prendre la parole et affirmer sa peine est difficile, mais souhaitable. Parce que pour favoriser la guérison, sortir de la clandestinité est important. Il existe de nombreux groupes de soutien qui proposent à ces endeuillés un lieu d'échange et de compréhension.

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Notre société semble de plus en plus embarrassée par la mort elle-même : on banalise le deuil, comme si c'était un mal dont les personnes atteintes devaient au plus vite guérir. Mais le deuil n'est pas une maladie. Le deuil est plutôt un long parcours à traverser, qui demande de la patience et du courage.

Chaque traversée d'un deuil est unique et intense. Pour les gens qui côtoient les endeuillés meurtris par la perte d'un proche atteint du sida, une ouverture d'esprit comme de cœur est ce qu'il y a de plus précieux à offrir.

Quand le deuil commence avant la perte