La coopérative funéraire : une contribution significative au sens du deuil et... des économies

L'Organisation des Nations Unies a décrété 2012, l'Année internationale des coopératives. À l'initiative des coopératives funéraires québécoises et de notre fédération, des coopérateurs et coopératrices du secteur funéraire de la planète se sont réunis les 7 et 8 octobre dernier à Québec, pour la première Rencontre internationale des coopératives funéraires.

De façon générale, les coopératives funéraires forment une série de mouvements relativement petits, géographiquement très ciblés, qui se sont historiquement positionnés sur les bons prix et, de plus en plus, sur des services de grande qualité et diversifiés avec des effets majeurs et significatifs sur les prix.

Au total, 97 coopératives (de quelques centaines de membres à 3 millions de membres) ont été répertoriées dans le monde offrant des services funéraires, constituant ainsi un premier estimé de notre mouvement. Quatre pays/régions se distinguent, soit la Suède, l'Angleterre, le Québec et le Canada anglais. Les autres pays répertoriés sont : les États-Unis (7 coopératives), le Venezuela (8), le Mexique (1), la Colombie (3), Porto Rico (1), la Bolivie (1), l'Argentine (2), le Costa Rica (1), le Pérou (1), l'Afrique du Sud (1), le Zimbabwe (1), la Malaisie (1) et les Philippines (1).
En Suède, ce sont 3 millions de membres (soit près de 40 % de la population adulte) qui sont propriétaires d'une coopérative funéraire couvrant une grande partie du pays et réalisant 28 % des funérailles. En Angleterre, il y a près de 2 millions de membres propriétaires (soit près de 4 % de la population adulte) de 7 coopératives offrant le service funéraire, couvrant une partie importante du territoire et réalisant 25 % des funérailles. Au Québec, les 24 coopératives sont la propriété de 170 000 membres (un peu moins de 3 % de la population adulte) couvrant une bonne partie du territoire et réalisant 16 % des funérailles.

Une enquête américaine (People's Memorial Education Fund (PMA)) sur le prix des crémations et des inhumations conclut que le prix d'un service de crémation variait de plus de 700 % et, pour le service de sépulture, de plus de 400 %. Au Québec, on observait une situation similaire. En 2004, les utilisateurs du réseau des coopératives funéraires avaient déboursé en moyenne 3 677 $ pour leurs funérailles, tandis que l'ensemble des Québécois dépensait 5 698 $, et 6 325 $ ailleurs au Canada .
Les coopératives funéraires ont eu et ont toujours un effet régulateur sur les prix dans les marchés où elles évoluent. Dans bien des cas, elles ont relevé le niveau de qualité des services rendus.

Comme ailleurs, le secteur funéraire connaîtra, dans les prochaines années, des changements significatifs (arrivée de grands groupes capitalistes et modifications des habitudes des rites funéraires). Dans ce contexte, même en petit nombre, les participants à cette première rencontre reconnaissent que dans un secteur en croissance et en panne de sens, les coopératives devront, ensemble, avoir encore un effet significatif sur les prix, certes et, de plus en plus, sur le sens du rituel funéraire et sur la dignité des familles.

Michel Lafleur, président
Coopérative funéraire de l'Estrie
Administrateur à la Fédération des coopératives funéraires du Québec

À titre de directeur de l'Institut de recherche et d'enseignement sur les coopératives de l'Université de Sherbrooke, Michel Lafleur a participé en 2012 à une vaste étude intitulée « La place occupée par les coopératives et les mutuelles dans le monde ». Cette étude a été présentée au Sommet international des coopératives tenu à Québec en octobre 2012. La section sur les coopératives funéraires a été présentée à la Rencontre internationale des coopératives funéraires tenue en marge du Sommet.

______________________________

1. Source : MICST, Gouvernement du Québec, Statistique Canada, Fédération des coopératives funéraires du Québec.

Internet... Quand les traces laissées survivent au défunt !