« Dis maman, où il est grand-papa ? »

Cette question enfantine peut plonger dans l'embarras un parent qui aurait préféré ne pas aborder la question de la mort avec son enfant de cinq ans. Elle mérite cependant une réponse franche.

En fait, dès l'âge de trois ans, les enfants ont une compréhension approximative de la mort. Ils n'ont cependant pas pris conscience encore de son caractère irréversible. Ce n'est que vers cinq ans que les enfants comprennent que la personne décédée ne reviendra pas, tandis que vers neuf ans, il comprendra qu'il peut lui aussi mourir un jour. Mais, à moins qu'il ne s'agisse du décès d'une personne faisant partie de son entourage immédiat, l'enfant sera davantage affecté par les réactions de ses proches que par la mort elle-même.

Les jeunes enfants perçoivent les adultes et les adolescents comme des gens très forts. Les voir pleurer et s'effondrer constitue une expérience de choc pour eux. Cette réaction de choc des plus vieux confirme à leurs yeux la gravité d'une situation ou d'un événement dont ils ne saisissent pas toute la portée.

D'où la nécessité de répondre avec le plus de franchise possible aux questions que la mort fait surgir chez l'enfant. Le plus souvent, celui-ci cherchera à savoir les circonstances concrètes du décès, un peu à la manière d'un adulte.

De là à devoir expliquer à l'enfant où est rendu son grand-père décédé, il y a un pas beaucoup plus difficile à franchir. Le parent peut choisir d'élaborer sur ce qu'est devenu l'esprit du disparu en invoquant ses propres convictions philosophiques ou religieuses. Il peut également s'en tenir à l'aspect biologique de la mort en l'initiant aux rites funéraires. Parler de ces sujets permet à l'enfant de passer quelques moments au salon funéraire, à une cérémonie religieuse ou à une visite au cimetière.

Dans son livre Dis maîtresse, c'est quoi la mort ?, l'auteure Jeannine Deunff croit pour sa part que « les enfants savent très tôt s'ils veulent ou non aller à un enterrement. Il suffit de leur demander! ».

Pour cette auteure, il ne fait aucun doute que les enfants ont droit à des réponses les plus claires possible sur la mort. Le dialogue à ce sujet pourrait même dissuader certains jeunes d'adopter des attitudes suicidaires ou délinquantes! « En palpant le corps d'un petit animal, l'enfant découvre le caractère irréversible de la mort. Cette proximité avec la réalité est d'autant plus déterminante que, dans notre société, on ne meurt plus à la maison. La mort est désincarnée. Sur les écrans des jeux vidéo, les morts se relèvent et les compteurs repartent à zéro. L'illusion, pour ces jeunes, est de croire que la mort est réversible. »

Mourir à domicile : un choix de fin de vie