Coopérer c’est… entreprendre par et pour le monde !

Étonnamment, quand ça va mal, les citoyens sont à la recherche d'organisations sécuritaires, fiables et honnêtes. L'éthique des affaires prend tout à coup du galon. Et pourtant, depuis plus de 150 ans, l'entrepreneuriat coopératif, par ses valeurs et ses principes de fonctionnement, contribue à une économie réelle, au partage de retombées sociales et économiques au plan local en plus de transmettre le patrimoine aux générations futures.

L'humain d'abord

L'objectif premier des coopératives, des caisses populaires et des mutuelles est de répondre aux besoins communs de leurs membres, qui en sont les propriétaires. La participation au pouvoir s'applique selon la règle « un membre, un vote » et les membres sont tous propriétaires à parts égales de l'entreprise, peu importe le nombre de parts sociales qu'ils possèdent ou les montants qu'ils ont investis. Ainsi devenir membre d'une coopérative c'est devenir copropriétaire d'une entreprise au sein de laquelle, ce sont des personnes, les membres, qui s'expriment et non le capital. Voilà pourquoi la plus grande richesse d'une coop ou d'une mutuelle sont les êtres qui la composent.

Il n'est donc pas étonnant que plus de 800 millions de personnes de par le monde aient recours à cette forme d'entreprise pour satisfaire leurs besoins. Au Canada, plus de 17 millions de membres ont recours à cette formule et 8,8 millions (particuliers et entreprises) au Québec.

Des emplois durables

La force collective s'exprime également par la création d'emplois durables. Le mouvement coopératif et mutualiste au Québec, c'est 90 000 emplois. Saviez-vous que le premier et le 6e employeur privé sont le Mouvement Desjardins et le réseau de La Coop fédérée ?

Peu de gens savent également que dans le monde, les coopératives et mutuelles génèrent 20 % plus d'emplois que l'ensemble des multinationales, soit plus de 100 millions d'emplois.

Les coopératives sont aussi plus durables que les autres formes d'entreprises. En effet, une étude menée par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation intitulée « Taux de survie des nouvelles entreprises au Québec » révèle que le taux de survie des coopératives après 3 ans est de 75 % alors que pour l'ensemble des entreprises, il est de 48 %. Après 10 ans, le taux de survie pour les coopératives est de 44 % contre seulement 20 % pour l'ensemble des entreprises.

Investir dans la communauté

Dans une lettre ouverte adressée par l'Alliance coopérative internationale aux gouvernements du G8, le président de l'organisme proposait la formule coopérative pour se sortir de la crise. On peut y lire « Miser sur un modèle d'entreprise différent, sûr, stable et durable détenu et contrôlé par 800 millions de personnes dans le monde. (...) une entreprise dans laquelle les bénéfices ne sont pas simplement distribués à ses actionnaires, mais sont reversés à ceux qui traitent avec l'entreprise, ce qui permet de maintenir les richesses générées par les entreprises locales dans la communauté locale dans l'intérêt de l'environnement local et des familles qui y vivent. »

Au Québec, cette contribution des coopératives et des mutuelles se traduit par plus de 300 millions en ristournes aux membres et plus de 85 millions en commandites, dons et bourses d'études au sein des collectivités. À cela, il faut rappeler que leur présence dans l'économie génère un chiffre d'affaires supérieur à 22 milliards et des actifs évalués à plus de 166 milliards.

Au moment où plusieurs souhaitent une réforme du capitalisme, pourquoi ne pas miser sur un modèle économique qui offre un équilibre entre l'humain et le capital tout en faisant preuve d'éthique et de transparence ? Pourquoi ne pas miser sur la formule coopérative et en faire un véritable projet de société ?

Par Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
et Réjean Laflamme, président de la FCFQ

Octobre 2009

Image : Pixabay

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