Je pleure la mort de ma fille chérie.
Aujourd'hui en ce triste anniversaire,
je suis revenu me recueillir sur la tombe de ma fille unique
morte il y a vingt ans aujourd'hui.
Non, ton papa ne t'a pas oubliée ma petite puce. Tu aimais tellement ce surnom... il est si cher à mon coeur aujourd'hui... Le temps a passé, mais je sais que pour toi il n'a aucune importance... Tu es un ange maintenant et désormais c'est toi qui veille sur moi.
Tu es morte à 16 ans et moi je suis mort aussi depuis ton départ. Car la vie sans ma petite fille chérie est devenue un vide que je dois assumer avec douleur et résignation. Je ne vis aujourd'hui que dans les souvenirs du temps que tu étais à mes côtés. Oh je sais que tu avais ton petit caractère et que des fois la communication entre nous n'était pas toujours harmonieuse. Mais sache que je t'aimais ma petite puce et que dans mon coeur je ne voulais que ton bien. Tu étais rebelle, tu voulais ta liberté... Souvent je t'imposais une certaine discipline qui te blessait, je sais tu m'en voulais très souvent... Tu me boudais... Mais sache ma chérie que j'avais mal en dedans... Non jamais je ne t'aurais fait du mal, je t'aimais trop pour ça... Je ne voulais que ton bien... Je voulais t'aider à accomplir tes projets.
Et voilà qu'un soir est survenu ce stupide accident de voiture dans laquelle tu as perdue la vie. J'étais tellement blessé ce soir-là, tu ne pourrais même pas imaginer seulement l'ombre de ma douleur... D'apprendre que ma petite puce avait perdu la vie, comme ça sans m'avertir....... J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps... J'ai maudit ce Dieu à cause de ce drame, je lui en voulais, je l'ai injurié... Et malgré tout je me sentais tellement impuissant... Comment accepter la mort de sa petite fille chérie ? Comment rester serein et passif alors que la douleur nous afflige continuellement ?? Un Dieu muet qui, dans sa bonté, nous donne un petit ange et qui le reprend sans prévenir, à l'âge où cette petite fille, devenue notre raison de vivre, nous quitte comme ça à 16 ans... Je pleure encore sur toi ma puce, mes sanglots sont lourds et je t'aime tant... Je voudrais tellement te prendre dans mes bras... Te consoler, te rassurer et me sentir responsable de toi...
Oh ! De ton vivant j'avais de grands projets pour toi. J'avais économisé pour tes études... Ton rêve était de devenir psychologue... Tu étais profonde et à l'écoute des autres. Ton papa savait au fond de lui-même que tu avais la vocation. Et ton père était prêt à tout pour que tu réussisses... Malgré cette discipline que je t'imposais, j'étais prêt à tous les sacrifices, au risque de me faire moins aimer de toi... Étais-je un bon père à tes yeux ? Je suis certain que maintenant tu le comprends... Mais par mon côté autoritaire je te protégeais... Tu étais un peu naïve je sais, ça fait partie de notre apprentissage de la vie. Tes amis t'influençaient, tu voulais être libre comme l'air... Le destin t'a récompensée ma puce... Aujourd'hui tu es vraiment libre dans ce nouveau monde que tu habites.
Laurenne, dont le corps repose dans un cercueil au fond d'une terre humide et froide, je suis atterré par la vie, par l'injustice qui nous dépossède de nos rêves... Mais je suis certain que ton âme a fleuri et qu'aujourd'hui tu as mûri. Aide-moi à accepter ton nouvel état, à ne plus être égoïste et à ne plus vivre dans le passé de ta présence. Donne moi la certitude que tu reposes en paix et qu'un jour, à l'ombre de mon trépas, tu viendras calmer ma douleur et, de ta douce présence, me rassurer en me disant : « Je suis vivante, bienvenue dans mon paradis... »
Nelson
Montréal (Québec)