J'ai déjà livré un témoignage...

J'ai déjà livré un témoignage pour la perte de ma mère.   Mais il y a une chose que je n'avais pas mentionnée et qu'aujourd'hui j'ose faire parce que je crois cela très important, que ça me fait encore souffrir et que j'en souffrirai probablement toute ma vie : c'est l'avortement que j'ai subi, au début de février, donc à peine une quinzaine de jours après la disparition de ma chère mère.     C'est un deuil aussi.  Différent, certes, mais cela demeure une grande perte pour moi.  J'ai toujours été contre cette intervention, alors lorsque ce fut mon tour je n'ai pas changé d'opinion !  Simplement, je n'ai pas eu le choix.  J'étais complètement à terre, j'ai déjà trois enfants et je suis monoparentale.  Alors, épuisée psychologiquement, physiquement, j'ai laissé partir mon enfant.

Et, toujours, j'ai envie de dire aux gens que non, je n'ai pas eu trois enfants mais bien quatre.  Mais je m'abstiens.  D'abord parce que mes enfants ne sont pas au courant, bien qu'ils le seront plus tard et j'y tiens énormément.  Je veux qu'ils sachent le pourquoi et que quelque part il y a un autre enfant qui fait partie de notre famille et à qui je pense très souvent.

Et ce qui me bouleverse énormément, c'est que lorsque ma mère a rendu l'âme, j'étais auprès d'elle mais pas seule... et ma mère m'avait toujours dit :  « Tu sais ma fille, tu peux tout me dire, mais si jamais tu avais à prendre une telle décision, ne m'en parle pas.  J'aurais trop de peine ! »  La vie a fait en sorte qu'elle parte avant de savoir.

Mais je me console, me disant que mon bébé est allé rejoindre sa grand-mère et qu'eux, ils se connaissent.   Mon enfant n'est donc pas seul !  Comme quoi j'ai déjà été première à juger, ce que jamais plus je ne ferai.

Merci de votre attention.

Hélène
Laval (Québec)

Ma mère est décédée subitement...