Mourir écolo pourrait bientôt être possible dans une maison funéraire près de chez vous.
Marcel Guy est directeur général de la Coopérative funéraire de l'Outaouais.
Chaque année, plus de 1100 crémations sont faites par les Jardins du souvenir
pour la coopérative.
Longtemps, les gens ont été réfractaires à la crémation, préférant la méthode traditionnelle de l'embaumement, du gros cercueil en bois et du cimetière. Ce n'est que dans les années 1980 que la disposition des dépouilles par crémation pour n'en garder que les cendres devient plus populaire.
La méthode est moins coûteuse, mais elle pollue. Des spécialistes avancent que 16 % du mercure dans l'air provient de la crémation des corps humains. C'est sans compter l'énorme quantité d'énergie nécessaire pour chauffer un four crématoire à 1000ºC. En ces temps de changements climatiques, les entreprises funéraires regardent vers des techniques plus écologiques.
De nouveaux procédés comme la résomation et l'aquamation attirent de plus en plus l'attention. Ils utilisent tous deux de l'eau bouillante et une solution chimique composée d'hydrate de potassium permettant de décomposer les tissus du corps en environ trois heures. Au terme du procédé, il ne restera que les os qui seront réduits en cendre. Ces procédés n'utilisent que le tiers de l'énergie nécessaire à une crémation. Le corps, placé dans une énorme cuve d'acier, est submergé de 500 litres d'eau et décomposé, sans aucun rejet de carbone dans l'air. Les compagnies qui font la promotion de ces nouvelles technologies prétendent qu'un simple traitement au pH de l'eau utilisée permet ensuite de la renvoyer vers les égouts municipaux.
Ce procédé n'est pas encore autorisé au Canada. Deux États américains, le Minnesota et la Floride, l'ont fait récemment. Dans la région, la Coopérative funéraire de l'Outaouais suit ce dossier de très près. Son analyse n'est pas encore terminée, mais l'intérêt est important, indique le directeur général de la coopérative, Marcel Guy.
« Ça fait deux ans qu'on suit ça, dit-il. Quand toutes les autorisations auront été données, on serait bien intéressé à acheter l'une de ces machines. Nous devons toutefois être rassurés quant aux autorisations. »
M. Guy est conscient qu'il y aura beaucoup d'éducation à faire auprès du public avant que la méthode de la résomation devienne une option crédible sur le marché des services funéraires. « Les investissements pour ce procédé frisent les 500 000 $, précise-t-il. Toutefois, comme ce choix est plus écologique, il y aura sûrement un marché intéressant pour ça. »