La présence du corps dans les rites funéraires, la représentation de la douleur.


Johanne Larouche
Conseillère aux familles

La présence du corps dans les rites funéraires

La représentation de la douleur

Lorsque survient le décès d’un être cher, la douleur qui nous assaille est intolérable : on a du mal à affronter cette impossible blessure. La perte d’un proche génère un vide immense qui se remplit de larmes, de questionnements, d’angoisses. Cette mort d’une personne que nous aimions nous confronte à celle de tous les hommes, et, inévitablement, à la nôtre.

Dans ces conditions, on peut comprendre que le vivant soit désemparé devant le corps du défunt ; cette dépouille mortelle qui, cruellement, rappelle que l’âme a quitté le corps. Mais cette évidence a pour effet de le confronter à son deuil, de dénouer sa gorge et de laisser sa peine s’exprimer. Car pour revivre après un deuil, l’endeuillé n’a d’autre solution que de laisser la place à cette peine, à cet intolérable état de vide.

Le déni étant la première phase du deuil, c’est d’abord elle qu’il faut traverser pour renaître après cette grande douleur. La présence du corps dans les rites funéraires est positive en ce sens qu’elle permet aux endeuillés de voir la vérité en face, aussi douloureuse soit-elle. C’est la première étape d’une longue route vers l’issue positive du deuil.

Une tradition de moins en moins courante

Notre société moderne a perdu la familiarité que nos ancêtres entretenaient avec la mort et les défunts. Avec la disparition du rite funéraire qu’était la veillée mortuaire, on a laissé disparaître l’importance accordée au corps du défunt. Les rituels qui, traditionnellement, visaient à aider le défunt à accéder à sa nouvelle existence sont de moins en moins fréquents à notre époque.

Aujourd’hui, il n’est pas rare que l’on dispose rapidement de la dépouille en espérant faciliter le deuil des survivants. Pourtant, cette façon de faire provoque peut-être l’effet contraire de celui escompté. En effet, lorsque l’on acceptait de parer la dépouille du défunt, de la veiller et de prier pour le salut de son âme, c’est dans son propre deuil que l’on acceptait d’entrer.

Des adieux difficiles mais nécessaires

Il est certes difficile et extrêmement douloureux pour les proches de voir et de toucher le corps sans vie d’un conjoint, d’un parent, d’un enfant. C’est une étape bouleversante que nul ne peut traverser sans heurts. La présence des personnes significatives dans la vie des endeuillés est bien sûr un support infini.

Ces importants rassemblements permettent aux endeuillés de prendre la parole, de créer des liens autour du défunt. Ces liens tissés serrés font en sorte que les endeuillés ne forment qu’un seul corps, tourné vers la même douleur et vers le même destin : celui des mortels devant la fragilité de la vie.

Accepter d’inclure le corps du défunt à la cérémonie funéraire, c’est accepter de regarder en face sa douleur. Pour réapprendre à vivre, on saisit alors l’occasion de regarder la mort de près. Ce rituel est une escale précieuse vers une acceptation de son deuil et, ultimement, vers une acceptation de sa propre mort.

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