Voici maintenant six ans...

Mon bébé,     Voici maintenant six ans que tu as fait une brève apparition dans ma vie, 15 jours c'est trop court, j'aurais voulu te garder davantage, te sentir encore, te voir et t'embrasser.

Tu me manques. C'est la première fois que je t'écris, pourtant, depuis six ans, j' y ai souvent pensé, mais je n'en avais pas le courage et peut-être un peu peur d'être ridicule - mais j'ai regardé une émission de télévision et des parents ayant perdu un enfant sont venus témoigner, ils ont mentionné un site Internet, et sur ce site, on peut y lire des lettres comme celle que je suis entrain de t'écrire - enfin presque, chaque lettre est unique - c'est la douleur qui est la même.

Mon bébé, tu étais si beau ; tu sais, tous les jours je me repasse le film de ta naissance et des 15 jours qui ont suivi celle-ci et je cherche à comprendre, toutes ces questions me hantent et me rongent ; trouverai-je jamais les réponses ? Peut-être que ça n'est pas cela l'important au fond, trouver les réponses, oui et après ? Tu seras toujours absent, même après les réponses...

J'en reviens à cette émission, car elle m'a bouleversée, j'ai pris conscience en la regardant que ce vide, c'est pour toujours ; comme l'a dit une maman : c'est à perpétuité. J'ai du mal à croire que je serai capable d'assumer cela. Jusqu'à cette émission, je me disais que ça irait certainement de mieux en mieux - d'ailleurs, c'est vrai que depuis 6 ans, il y a eu des hauts et des bas, mais je n'avais jamais encore réalisé que rien, ni le temps, ni les autres enfants (tu as deux petits frères), ni la vie ne changerait quelque chose au fait que tu n'es plus près de moi. Rien ne te rapprochera de moi - jamais je ne serai bien, mieux peut-être, mais bien, jamais.

C'est dur à admettre, mais peut être que c'est une étape nécessaire pour arrêter de chercher, pas arrêter de te prendre dans mes bras dans mon sommeil ou de te parler tout bas, mais arrêter de courir après des explications qui ne changeront rien. Arrêter de haïr les gens pour ce qu'ils ont fait ou pas fait, pour ce qu'ils ont dit ou pas dit.

Je veux que tu saches que je t'aime - tu te souviens que c'est la première chose que je t'ai dite en te voyant ? - je t'aimerai toujours et toujours.

Ta maman

Sylvie
Calais (France)

J'ai très vite voulu...