Je viens de perdre mon conjoint de 15 ans de vie commune. L’urne est ici avec moi, je l’ai choisie décorative pour la placer où je le veux bien, avec une belle rose gravée dessus. J’ai mis sa photo à côté. Il voulait mourir à la maison, donc j’ai contribué en quelque sorte à sa mort, lui donnant ces piqûres pour le mettre dans le coma.
Ce fut terrible de vivre cela, la culpabilité me ronge par en dedans. Il ne voulait pas partir, comme tout le monde j’imagine, mais dans un état semi comateux il réussissait à se lever et arriver dans la cuisine, en étant très confus. Il avait une force à vouloir rester dans ce monde, son corps l’avait abandonné mais son esprit se battait encore et encore. Il me suppliait de ne pas téléphoner aux infirmières car il ne voulait pas mourir à l’hôpital. Je lui avais promis que je l’assisterais jusqu’à la fin et je l’ai fait. J’en suis si fière... mais en même temps déchirée en me remémorant toutes les étapes qu’il a vécues. La culpabilité revient sans cesse même si je sais que ces douleurs n’étaient pas endurables. Je suis allée contre sa volonté, je me dis, je l’empêche de souffrir, mais je le fais mourir... mon Dieu... Je ne sais pas si je conseillerais à quelqu’un de faire un tel souhait. Ces souvenirs déchirants resteront gravés à jamais dans mon cœur.
Je vous écris, ça fait trois semaines seulement qu’il est parti et j’ai mes haut et mes bas. Je suis liquidatrice, donc la première semaine j’ai été très occupée, et la deuxième aussi. Cette semaine, c’est plus difficile que les deux autres semaines, je m’oblige à aller marcher même si ça me demande un effort inimaginable. Je suis en attente de papiers, de téléphones, etc. C’est plus tranquille, donc plus de temps à penser, je le vois partout, tout me fait penser à lui. Je déménage en juillet, près des miens, et loin de ces beaux et terribles souvenirs en espérant que ça va m’aider… Merci...
Lise
(Québec)