Ce soir, j'ai besoin d'écrire et... surtout de partager...

Papa et maman,

Ce soir, j'ai besoin d'écrire et... surtout de partager.

Mon histoire de famille en est une de déchirements, de ruptures, de retours, de promesses non tenues.

Mon père et moi ne nous sommes pas vus depuis plus de dix ans. Et maintenant, nous nous ne reverrons plus, à moins qu'il y ait une vie après nos morts.

Papa est décédé d'un cancer (que j'ignorais) le 9 août dernier. Avec son départ, c'est le grand vide et l'espoir ultime, qui ne se réalisera pas : celui de nous retrouver, celui de retrouver mon papa et, pour lui, de retrouver son fils.

Je suis si triste que je ne peux même pas pleurer et... je regrette tant, même si, au bout du compte et en dernière analyse, j'ai bien agi en lui écrivant une lettre, voilà de ça plus de dix ans, où je lui disais que je ne pouvais plus continuer comme ça, que je ne pouvais plus endurer d'être toujours celui qui allait au devant des nouvelles, qui en demandait et qui en donnait. Je lui avais dit, dans cette lettre, que s'il voulait vraiment une famille, il devait cesser de promettre et plutôt d'agir (tout ça, dit plus doucement, bien sûr, mais tout de même). Je lui disais, pour terminer, qu'il n'avait qu'à tendre la main et que je répondrais à son geste.

Maintenant, il est parti. Et voilà que le doute s'installe... Aurais-je dû tenter de renouer avec lui ? Cela aurait-il changé quoi que ce soit ? Je n'aurai jamais de réponse à cette question et il me faut apprendre à me contenter de la certitude de cette absence ultime de réponse à mes questions, me contenter de ce que j'ai agi de mon mieux... Ce soir, cette pensée ne suffit pas !

Quatre jours après le décès de papa, voilà que j'apprends le départ d'une femme exceptionnelle, qui aura été, pour moi, la mère que je n'ai jamais eue. La maladie psychiatrique, ça vous fout de ces bordels entre une maman et son enfant. Alors, cette dame m'aura donné l'affection, l'amour, la patience, la douceur, la chaleur et l'encouragement dont j'ai tellement eu besoin, qui m'a fait si défaut...

Adieu papa et maman. Je ne sais ce qui m'attend maintenant, comment je sortirai de toute cette peine et de cette culpabilité. J'espère seulement être encore plus un homme, une fois que la tristesse  se sera calmée, le vide moins profond, le doute moins aigu.

Yvon
Montréal (Québec)

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