Pendant 12 ans, la Coopérative funéraire de l'Estrie a organisé un colloque sous le thème La mort parlons-en. De façon directe et sans détour, ce colloque visait à faciliter le dialogue entre les divers intervenants qui gravitent dans cette sphère. Psychologues, infirmières, groupes d'entraide, endeuillés, thanatologues et penseurs se regroupaient durant quelques jours pour aborder franchement les questions du deuil, de la souffrance et du sens de la vie. Les dernières éditions attiraient près de 500 personnes de toutes les régions du Québec et du Canada et même de France et de Belgique. Pas mal pour un sujet qui fait tellement peur !
Dans un même souffle, cette coopérative publiait Profil, une nouvelle revue, toujours sous le thème de la mort. Publié depuis plus de 10 ans, ce magazine obtient la faveur d'un nombre croissant de lecteurs. Son tirage atteint maintenant plus de 60 000 copies.
Pourquoi cet engouement des uns sur un sujet qui rebute les autres ? D'abord, parce que la mort fait partie de la vie. Le nier n'y changera rien. Mais aussi, parce que le Québec compte annuellement plus de 52 000 décès et que ce nombre ira en augmentant au cours des 30 prochaines années. Si nous ne pouvons rien y changer, nous ne pouvons cependant fermer les yeux sur les ravages psychologiques et les coûts socio-économiques causés par les deuils non résolus.
Aboutissement naturel de la vie, la mort – tout comme le vieillissement – est parfois considérée comme un échec, tellement les progrès scientifiques contribuent à repousser l'échéance fatale.
Cacher la mort équivaut à créer l'isolement, à nier les souffrances, à entretenir les préjugés et les tabous qui l'entourent. En parler, c'est favoriser la réflexion, l'éducation, l'entraide, la connaissance, le dialogue.