La Fédération de l’âge d’or du Québec prend un coup de jeune

Le nombre de retraités a fait un bond spectaculaire au Québec ces dernières années. À ce groupe qui s’élargit continuellement au rythme de l’amélioration de l’espérance de vie, se sont ajoutés tous les ressortissants de la fonction publique depuis deux ans. Et voilà que la première vague de baby-boomers frappe à la porte. Si bien que la classe des 50 ans et plus avoisine aujourd’hui les deux millions de membres, un groupe de plus en plus jeune qui dispose de temps libre comme jamais.

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À la veille de son 30e congrès annuel, les 6, 7 et 8 juin à Québec, la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ) ne peut que se réjouir de cette nouvelle conjoncture. Déjà, elle constitue la plus grande association volontaire de personnes de 50 ans et plus au Canada, avec ses 280 000 membres réunis autour de 900 clubs et 16 regroupements régionaux. Depuis quatre ans, l’organisme enregistre une augmentation annuelle fulgurante de son membership de près de 30 000 personnes en moyenne.

Directrice générale de la FADOQ depuis 15 ans, Nicole T. Moir attribue cette hausse impressionnante à la force du nombre essentiellement. « Les aînés ont joint les rangs non seulement à cause du club, mais surtout pour avoir accès aux rabais qui sont consentis aux membres de la Fédération », mentionne-t-elle en énumérant les avantages consentis sur certains produits, les assurances ou les voyages. « Aussi, poursuit-elle, une seule entité pour aller frapper aux portes, surtout des gouvernements, pour aller se faire entendre, ce n’est pas à dédaigner. Nous parlons pour 280 000 personnes. »

Il faut bien dire que la FADOQ s’était bien préparée à l’arrivée massive de nouveaux retraités. Il y a cinq ans, elle commandait une étude auprès d’une firme de sondage pour mesurer l’intérêt des 50 ans et plus envers les clubs d’âge d’or. On y apprenait que seulement le quart de la clientèle visée se disait intéressée à « un club d’âge d’or, à un groupe tournant autour d’activités culturelles ou de loisir ». Mais l’intérêt grimpait à 38 pour cent s’il s’agissait d’un organisme qui travaille « autour de la défense des droits des 50 ans et plus, de la promotion d’avantages individuels », avait conclu le sondeur.

Une société pour tous les âges

Sans devenir plus militante, la Fédération a certes pris conscience de son poids politique. « On n’a jamais fait de démonstration avec des pancartes dans la rue. On n’est pas de ce type d’organisme là. Et si les baby-boomers sont plus militants, il va falloir que ce soit eux qui prennent le pouvoir, par exemple au conseil d’administration, si c’est ce qu’ils veulent. Mais on n’est pas vraiment certain que ce soit ce qu’ils veulent. Ils veulent qu’on les représente et qu’on bouge. »

« Quand on faisait des revendications avant, c’était « on a des droits, on a des acquis, on veut les conserver, on veut les améliorer » reprend-elle. Avec l’arrivée du concept intergénérationnel, qu’on a beaucoup soutenu lors de l’année internationale de la famille, on s’est mis à tenir beaucoup plus compte des autres générations dans nos revendications. Si on prend l’exemple de l’assurance-médicament, il y a 10 ans, on aurait dit : « non, non, non, c’est gratuit pour les aînés et vous ne touchez pas à cela ». Mais le gouvernement nous a demandé si on avait les moyens de garder la gratuité si on ne voulait pas laisser une province en déficit à nos enfants et nos petits-enfants. Le conseil d’administration était d’accord avec ça et a sondé ses membres pour savoir ce qu’ils pensaient d’une assurance-médicament pour tout le monde, ce qui impliquait que ce n’était plus gratuit pour les personnes âgées. On s’est fait dire oui par une faible majorité. Depuis ce temps-là, quand on a des revendications à faire, c’est beaucoup plus pour les gens de toutes les générations confondues. »

Dans cette perspective intergénérationnelle et avec l’année internationale des personnes âgées qui avait lieu en 1999, le programme s’annonce fort chargé pour le congrès de juin. Uniquement pour en définir le thème, la FADOQ a consulté ses membres lors des journées de la FADOQ tenues dans toutes les régions du Québec pour dégager quatre préoccupations qui revenaient constamment : la santé, le transport, le logement et le revenu. On a également prévu inviter d’autres organismes d’aînés en juin pour enrichir la réflexion. On se propose enfin de rencontrer des politiciens « pour tenter de déterminer les solutions et propositions qu’on fait à nos gouvernants, en lien avec les besoins et préoccupations exprimés en congrès », souligne Mme Moir.

Au terme de ce congrès de juin, la FADOQ déploiera son énergie à l’organisation des neuvièmes Jeux des aînés, en septembre, qui réunissent annuellement autour de 1500 personnes autour de compétitions sportives. Suivra cet automne un congrès sur le loisir. « On est en train de faire une recherche sur le loisir et les personnes âgées en compagnie d’universitaires qui vont travailler surtout à partir des besoins exprimés par des membres. Quand ils vont déposer leur rapport, on verra si on peut aller plus loin. »

Actifs les retraités

On le voit bien, on n’entre pas dans un club de l’âge d’or pour se reposer. « Une fois qu’on a pris sa retraite, on n’est pas en train de s’enterrer », illustre à ce propos Mme Moir. Depuis sa fondation, en 1970, la FADOQ a toujours joué sur deux fronts à la fois pour favoriser le mieux-être et l’autonomie des aînés: celui de l’éducation et celui des activités. « Sur le plan politique, nous avons été de tous les grands débats de la société. Quant aux loisirs, nous nous sommes donné la mission de faire comprendre aux aînés l’importance de se garder en forme, de rencontrer du monde, de combattre l’isolement. »

Même en dehors des groupes organisés, les retraités sont de plus en plus actifs, ne serait-ce que pour réaliser les projets qu’ils ont constamment remis à plus tard. « Les gens ne prennent pas leur retraite uniquement pour se bercer et jouer au golf », commente la directrice de la FADOQ. Un nombre croissant d’entre eux amorcent une deuxième carrière ou retournent sur les bancs d’école, « car bien souvent, ils vont compléter les études qui les intéressaient mais qu’ils n’ont jamais pu faire. On le voit, les programme de l’universités du 3e âge sont pleins. Les gens sont friands de cela. »

Pour un grand nombre, cependant, le vieillissement peut bien souvent être vécu comme un deuil. « Pour beaucoup, le fait de prendre sa retraite est le plus important de ces deuils. Pour d’autre, c’est de perdre son autonomie. Ça se fait petit à petit. On commence par avoir peur de tomber, on finit par sortir moins souvent l’hiver. Si on attrape un gros rhume, c’est pire quand on est plus âgé. Pour d’autres, c’est l’apparence physique qui rappelle qu’on vieillit et qu’il en reste moins à vivre.  Pour la plupart, enfin, le vieillissement c’est aussi le départ des compagnons de longue date. On voit parfois des gens de 80 ou 90 ans dire : « Je n’ai plus personne autour de moi ».

Et la mort, est-ce qu’on en parle ? « La mort n’est pas un sujet de type collectif. On va parler de santé collectivement, mais avant qu’on arrive à mettre la mort à l’ordre du jour de quelque réunion que ce soit... » s’interrompt-elle pudiquement, avant de conclure : « Quand on en discutera, ce sera davantage quand on va devoir parler de l’euthanasie. On entend plus parler de l’euthanasie qu’avant, mais pas de la mort comme telle. On a essayé d’amorcer une discussion là-dessus et il n’y avait rien à faire. C’est trop personnel. »

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