Faits curieux sur la mort - Végétaux et flore mortuaire

Plusieurs espèces végétales sont étroitement liées à la mort et aux rites funéraires. S’il est impossible de savoir à quel moment un être humain a, pour la première fois, fleuri la sépulture d’un défunt, il semble presque certain que cette pratique remonte au paléolithique. Désir d’enjoliver la tombe ? D’apaiser l’esprit de la personne décédée ? De réconforter la famille endeuillée ? De dissimuler les odeurs ? Sans doute un peu de tout cela !

La fonction aromatique semble prédominer en Égypte (myrte, romarin, laurier, menthe) afin que la personne décédée soit accompagnée de leurs effluves dans sa vie après la mort. Tant en Grèce qu’en Asie Mineure, on orne la tête des défunts d’une couronne de fleurs, après quoi les femmes et les jeunes filles fleurissent les tombes. À Sparte, on favorise les feuilles d’olivier, à Athènes, l’origan et la vigne. À Hawaï, des colliers de fleurs aromatiques sont placés sur la personne décédée, puis ensevelis avec elle. Mais cet usage n’est pas universel, puisque les cérémonies juives et musulmanes privilégient la simplicité et la sobriété.

Botanique funéraire

L’œillet est le symbole du deuil dans plusieurs cultures. Originaire du Mexique, il se présente en différentes nuances de jaune, d’orange et de rouge. C’est en raison de cette coloration évoquant l’astre du jour que les anciens peuples mésoaméricains croyaient que cette fleur guide les morts vers le soleil, leur dernière demeure. L’œillet est rapporté en Europe au 16e siècle par les conquérants espagnols : son usage se répand à d’autres régions du monde. Il s’agit d’ailleurs de la fleur de deuil par excellence de l’hindouisme qui la considère comme sacrée.

Le chrysanthème, quant à lui, est cultivé en Chine depuis plus de 2500 ans. Il n’était pas initialement lié à la mort, mais plutôt à la joie de vivre. C’est lors de son importation en Europe au début du 19e siècle que le chrysanthème acquiert une nouvelle signification – peut-être parce qu’il fleurit à la Toussaint ! – et qu’il apparaît dans les obsèques. Les chrysanthèmes blancs et jaunes sont particulièrement recherchés dans les cérémonies funéraires d’Asie, notamment chez les bouddhistes, car cette religion interdit d’utiliser des fleurs de couleur vive pour honorer les morts.

Funèbres pétales ou feuillage

Plusieurs autres fleurs sont associées au deuil : le souci qui matérialise le chagrin et le désespoir, le pavot, fleur du sommeil éternel et de la mort, l’hydrangée, tout particulièrement la variété violette, liée aux funérailles depuis l’époque victorienne. Symbolisant la consolation, le coquelicot (pavot rouge) est quant à lui devenu le symbole des militaires tombés au combat.

Du côté des végétaux de grandes dimensions, le cyprès et le saule pleureur évoquent tout particulièrement le deuil, les regrets, les larmes. Si, par ses branches traînantes, le saule rappelle la mélancolie des endeuillés, il est plutôt symbole de vie éternelle dans la tradition chinoise.

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Dans cette rubrique, Catherine Ferland, docteure en histoire et auteure du livre 27 faits curieux sur la mort, d’hier à aujourd’hui, aborde, au fil des parutions de la revue Profil, différents thèmes tirés de son livre.

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