Pour prendre le temps

Est-ce que nous avons encore ce privilège de nos jours ? Est-ce que c’est devenu un concept abstrait ? Un concept uniquement valable pour des conversations sur la bienfaisance, mais peu applicable dans la réalité ? Prendre le temps, qu’est-ce que ça veut dire, en fait ? La question est immense !

Nous proposons ici des pistes d’application dans le contexte de notre approche auprès des membres et des familles endeuillées. Disons, d’entrée de jeu, que c’est une réflexion qui évolue toujours, les besoins réels dans l’évolution du deuil étant aussi en constante évolution.

Une épreuve difficile survient, apparaît soudainement, comme un caillou dans votre chaussure en plein parcours. Vous ne l’aviez pas vue venir du tout et elle vient perturber grandement votre quotidien. Les gens autour réagiront souvent en vous disant : prends le temps, dépose-toi. Ces mots seront dits pour vous réconforter, surtout. Ces mots permettront aussi, si vous les écoutez, de vous déculpabiliser de prendre du temps alors qu’on lui court toujours après !

Un temps d’arrêt

Concrètement, comment appliquer ce sage conseil donné par des gens qui ne veulent que le meilleur pour vous. Au moment du décès d’un proche, qu’il soit attendu après une longue maladie, ou carrément inattendu, une période de prise de conscience se présentera. Ça semble étrange comme notion, surtout si le décès survient après des mois ou des années de maladie. Mais le fait est que la mort, même attendue, marque une finalité. Il ne sera plus possible de visiter la personne, la toucher, lui parler. Prendre conscience de cette réalité fait partie des états importants du deuil et requiert du temps ; prendre le temps d’appeler nos proches pour annoncer la nouvelle, prendre le temps de s’asseoir, de réfléchir, de pleurer, de réaliser.

Il faudra ensuite se mettre en action ; penser aux funérailles, aux hommages, aux rituels, mais avant tout à la déclaration du décès. Via la Coopérative, il y aura une rencontre pour prendre en charge les inévitables formulaires gouvernementaux et, surtout, l’organisation des funérailles. Avant ladite rencontre, il pourra se passer quelques jours où le temps aura tout le loisir de s’installer et de permettre la réflexion, l’orientation que l’on veut donner à la suite des choses.

Ce temps octroyé peut s’avérer très positif, voire constructif, mais aussi néfaste s’il est employé à de sombres desseins. Il doit être notre allié dans la préparation des funérailles, dans l’hommage que nous voulons rendre à la personne disparue. Il se doit de servir l’apaisement, la sérénité et non l’accablement.

Pour rendre hommage

Dans la préparation de l’hommage à la vie de cet être cher, quelques outils aideront à rendre ce temps bénéfique. Le rapatriement des photos est un bon exemple. Il requerra du temps, apportant son lot de souvenirs, de sourires. En demandant des images à d’autres proches, ça permettra aussi la cohésion, la fraternité dans un même but, celui de souligner la vie de notre être aimé.

Des textes, des écrits mis sur papier faciliteront également la structure de pensées et de souvenirs. Et si vous ne voulez pas écrire, vous pouvez vous enregistrer ! Ça laissera des traces de votre mémoire commune avec vos proches, avec celui ou celle qui n’est plus.

Prendre le temps, c’est aussi le donner. Donner le temps aux gens de venir vous offrir leur soutien. On ne mesure pas la force qui est transmise dans un simple câlin lorsque l’esprit et le corps sont fissurés par la perte. Ces démonstrations d’affection sont une source incroyable de réparation, de colmatage de ces fissures. Ça ne répare pas tout, bien entendu, mais c’est dans la bonne voie.

Le temps de l’après

Et qu’en est-il une fois que les actions sont faites, sont passées ? Que se passe-t-il avec ce temps que l’on trouve bien souvent trop long ? Il doit passer simplement. Ce sont des mots faciles à dire, mais le vivre est tout autre. Il y aura des hauts et des bas durant ce temps qu’on nous dit de prendre. Il y aura des écueils, des absences déchirantes, des souvenirs douloureux qui, peu à peu, se changeront en moments cocasses qui nous apportent un sourire, une quiétude.

Prendre le temps, à ce moment-là, revêt surtout de lui laisser une chance, la chance au temps de faire son travail de transformation et de réalisation que tous ces moments passés avec l’être cher ont meublé de belles parcelles de vie, ont compensé largement la douleur actuelle qui s’estompera petit à petit. Prendre le temps, c’est aussi la découverte de nouveaux repères, la prise en main de cette vie où on ne marche plus aux côtés de notre être aimé. Il ou elle est plutôt en nous, par les souvenirs, par la mémoire, par le temps.

La prochaine fois que vous croisez quelqu’un qui vit un deuil difficile, au lieu de lui dire de prendre son temps, prenez plutôt du temps avec cette personne pour échanger.

Dans une ère où le temps semble manquer à tout le monde, offrir un peu de votre temps devient un inestimable cadeau. Un cadeau qui fera une différence positive !

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Manon Thibodeau, directrice des services aux familles
Coopérative funéraire de l’Estrie

Notre engagement par rapport au temps !

Les temps ont bien changé. Le modèle de funérailles n’est plus unique comme il le fut jadis! Nous n’imposons pas de modèle. Celui que vous avez en tête mérite d’être présenté et discuté. La personnalisation des rituels n’est pas un concept lourd et permet de bien célébrer la vie de la personne disparue.

Pourquoi accorder une si grande importance aux rituels? Parce qu’ils nous permettent, lorsque déployés de façon pertinente, de créer de nouveaux repères pour la suite de notre route.

Notre engagement est de prendre le temps d’en discuter avec vous lors des différentes étapes menant à la tenue des funérailles. Peu en importe la forme.

Cet engagement est même un des éléments les plus valorisants de notre travail.

Après tout, perdre un être cher n’est pas une anecdote. Prendre le temps est une bonne amorce pour bien marquer le moment.

Faits curieux sur la mort - Végétaux et flore mortuaire